Chaque semaine de retard de vaccination pourrait coûter 3 milliards d'euros à la France

"Nous, on n’a pas été assez vite, assez fort là-dessus. C’est tout à fait vrai et on a pensé que le vaccin mettrait du temps à décoller." Interrogé ce mercredi à la télévision grecque, Emmanuel Macron reconnaît que les pays européens ont pour le moment raté le coche sur le vaccin.
Et si ce retard européen aura probablement -s'il n'est pas compensé- des conséquences sanitaires, c'est aussi l'économie qui devrait en pâtir.
Selon des nouveaux calculs de la société d'assurance crédit Euler Hermès, le retard dans les objectifs initiaux de la vaccination atteint désormais sept semaines contre cinq semaines en février. La Commission européenne s'était fixé un taux de 70% de la population adulte vaccinée d'ici la fin de l'été. Au rythme actuel, cet objectif ne serait pas atteint avant le dernier trimestre.
La société estime que ce retard pourrait coûter 123 milliards d'euros à l'ensemble des économies européennes sur l'ensemble de l'année 2021 (contre 90 milliards d'euros initialement estimés avec le retard de cinq semaines). Confinements prolongés, nouvelles restrictions, mesures de soutien à l'économie... Chaque nouvelle semaine de crise pandémique coûte 17,5 milliards d'euros de plus aux économies des 27.
Trois milliards par semaine pour la France
Concernant la France, le retard est également estimé à sept semaines et s’accentue aussi au fil du temps. Les experts d’Euler Hermes estiment que chaque semaine de retard en matière de vaccination pourrait coûter 3 milliards d'euros de PIB perdu à l’économie française sur l'ensemble de l'année 2021 s'il n'est pas compensé.
On calcule cette perte économique par rapport à un scenario de normalité C’est une croissance potentielle perdue de 3 milliards d’euros par semaine", explique Ana Boata, directrice de recherche macroéconomique chez Euler Hermes sur BFM Business.
En cause notamment, la réouverture plus tardive de certains secteurs d'activité comme le tourisme.
En France, on a vacciné plus vite la population vulnérable mais on a besoin de plus que ça, estime Ana Boata. La France est mieux placée que l'Italie, l'Espagne ou le Portugal sur la dépendance aux services touristiques mais moins bien que l'Allemagne ou les pays de l'Est."
Le risque est que le pays ne bénéficie pas de la croissance qu'engendreront les secteurs fermés à leur réouverture mais consacre en plus des sommes supplémentaires aux soutiens de l'économie, ce qui pourrait amputer ses capacités de relance. Et entraîne une facture encore plus élevée.
Pour rappel, Bercy estime que chaque mois de confinement coûte 15 milliards d'euros à l'économie française et que les restrictions actuelles dans les 16 nouveaux départements engageront 1,2 milliard d'euros de dépenses supplémentaires pour aider les commerces contraints à la fermeture.
Des prévisions pessimistes qui pourraient toutefois être démenties si la vaccination accélère dans les prochaines semaines. Avec la mise en place d'une centaine de vaccinodromes géants dans l'Hexagone, la vaccination dans les 22.000 pharmacies et la hausse des livraisons de doses, le rythme devrait bondir.
Selon le calendrier de livraisons de doses mis à jour le 23 mars par le ministère de la Santé, le pays devrait recevoir 12,1 millions de doses en avril et 17,7 millions en mai. De quoi faire 29,8 millions d'injections, soit vacciner avec deux doses près de 15 millions de Français. Contre actuellement 2,5 millions déjà vaccinés avec deux doses et 6,6 millions avec une dose, soit 9.9% qui ont reçu au moins une dose, selon le site Covid Tracker.
