Le gouverneur de la Banque de France invite à ne pas "attendre trop" pour baisser les taux

Le gouverneur de la Banque de France a confirmé, ce vendredi 16 février, que les taux de la BCE devraient baisser cette année. "Le principe de la baisse cette année de nos taux paraît acquis", a déclaré François Villeroy de Galhau dans une interview au quotidien belge L'Echo.
"Nous devons tracer le juste chemin entre deux risques: soit baisser trop tôt avec une inflation qui repartirait à la hausse, soit attendre trop et peser exagérément sur l'activité. Désormais, le second risque existe au moins autant que le premier", a-t-il ajouté.
Concernant l'évolution des prix et la transmission de la politique monétaire à l'économie, le gouverneur observe des "indicateurs solides de désinflation". Quant à l'inflation sous-jacente (hors prix les plus volatils, ndlr), il estime son évolution "encourageante".
"Agir avec gradualisme et pragmatisme"
"Pour sa baisse des taux à venir, la Banque centrale européenne (BCE) a trois degrés de liberté: le calendrier de la première baisse, mais aussi le rythme de l’assouplissement ensuite, et le niveau final des taux", a expliqué François Villeroy de Galhau.
Cette liberté d'action peut constituer "un argument de plus pour ne pas différer exagérément la première baisse". Il invite donc à un gradualisme pragmatique, sans précipitation mais sans attentisme exagéré.
Sans "se précipiter", "agir avec gradualisme et pragmatisme peut être préférable à décider trop tardivement et devoir ensuite surajuster", insiste le gouverneur, qui "garde comme (ses collègues) une boussole inébranlable, ramener l'inflation à 2%". "Sauf choc, nous atteindrons cet engagement d'ici l'an prochain", estime-t-il.
"Marge significative de baisse"
Le gouverneur suggère par ailleurs de "tenir compte d'autres indicateurs plus prospectifs" que les données sur les salaires, non disponibles avant avril selon L'Echo.
Il cite "le degré de tension sur le marché du travail" et "ce qui se passe en matière d'accords salariaux négociés". En France en tout cas, il observe que le pourcentage d'entreprises confrontées à des difficultés de recrutement est passé en six mois de 52% à 41%, et qu'il y a un ralentissement des hausses nominales des salaires pour 2024. Deux facteurs pointant vers un ralentissement de l'inflation.
Estimant enfin le "taux nominal neutre" de la BCE "autour de 2% ou légèrement supérieur", il considère que, sans que cela soit "une cible obligée", il y a "une marge significative de baisse" par rapport aux 4% actuels, "sans pour autant revenir à une politique monétaire accommodante".