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Le cours du beurre bat son record historique: faut-il craindre une explosion des prix en magasin?

Les industriels font face à une pénurie de beurre.

Les industriels font face à une pénurie de beurre. - Tamdotcom - Flickr - CC

À cause de l'épidémie de fièvre catarrhale ovine qui touche les élevages, les prix de gros du beurre frôlent les 8.200 euros la tonne. Un niveau record qui devrait pousser industriels et distributeurs à importer massivement pour limiter les hausses des prix à la consommation.

Une nouvelle crise du beurre est-elle à craindre? Après celle de 2017 marquée par une flambée historique des cours et une pénurie inédite dans les rayons, l'état actuel du marché donne des signes sérieux d'inquiétude.

Une crainte qui se traduit par une nouvelle hausse des cours de la matière première, encore pire que la précédente. Comme relevé par Les Marchés, le prix spot de la tonne de beurre a battu un record historique ce jeudi en atteignant les 8.180 euros. À la rentrée 2023, la tonne de beurre s'échangeait 4.260 euros. En un an, le cours a flambé de 92%.

Épidémie de fièvre catarrhale ovine

Après le pic inflationniste de 2022 qui avait vu la tonne de beurre frôler les 8.000 euros, elle avait reculé jusqu'à la fin 2023 avant de repartir à la hausse depuis.

La faute à la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie virale transmissible par un moucheron, qui se propage à vitesse grand V dans les élevages. Le nombre de foyers recensés atteint les 2.800 en France selon le ministère de l'Agriculture, soit quatre fois plus en deux semaines.

Jean-Philippe Puig, directeur général d'Avril - 19/07
Jean-Philippe Puig, directeur général d'Avril - 19/07
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Ce risque sanitaire fait planer la menace d'une chute brutale de la collecte de lait, ce qui est déjà le cas dans d'autres pays européens où l'épidémie est déjà présente.

"La maladie peut entraîner une chute significative de la production pendant plusieurs semaines, ainsi que des cas d’avortements et de vêlages précoces, explique sur son site l’Idele, l'institut de l'élevage. En Europe, la collecte de lait reste modérée et connaît un recul à l’échelle mondiale."

Le beurre européen 25% plus cher

La production de beurre n'était déjà pas flamboyante depuis plusieurs mois avec un recul de 1,6% en 2024. Les éleveurs privilégiant la filière crème bien plus rentable que le barattage pour écouler leurs stocks de lait.

Dans le même temps, la demande reste, elle, élevée au niveau mondial, particulièrement aux États-Unis et en Asie. Une distorsion qui fait mécaniquement grimper les prix.

Quelle sera la conséquence sur les prix à la consommation? La plaquette de beurre en rayon et le croissant du boulanger vont-ils flamber dans les mois qui viennent? Probablement en partie, selon les experts du secteur, mais pas dans les mêmes proportions que la hausse des cours de la matière première.

Les industriels et les distributeurs vont se tourner vers l'importation pour amortir le choc sur les prix finaux. Les cours européens du beurre sont en effet 19% plus élevés qu'aux États-Unis et même supérieurs à 25% de ceux d'Océanie. La tonne de beurre néo-zélandaise est actuellement 2.300 euros moins chère que la française, ce qui la rend bien plus compétitive, même en y ajoutant les coûts logistiques.

Alors que la campagne de vaccination contre la FCO est entrée en phase d'accélération ces derniers jours dans les élevages avec 5,3 millions de doses fournies gratuitement pour les bovins, la filière attend maintenant le retour du froid avec impatience. Les moucherons culicoïdes qui sont les vecteurs du virus sont très sensibles aux températures. Aux alentours des 15°C, ils arrêtent de voler et donc de propager la maladie.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco