Lagardère: pourquoi la requête du Qatar ouvre la porte à Vincent Bolloré

C'est un véritable tournant dans la bataille qui oppose Arnaud Lagardère à Vincent Bolloré. Pour la première fois, le Qatar prend position dans une bataille dont il s'est toujours tenu à l'écart. Silencieux depuis quatorze ans, sa parole pèse d'autant plus qu'il détient 20% des droits de vote de Lagardère.
Alors qu'il a toujours soutenu Arnaud Lagardère, le Qatar entend désormais peser sur la stratégie du groupe. Comme les autres actionnaires Vivendi et le fonds Amber, il n'a pas apprécié qu'Arnaud Lagardère les court-circuite en s'associant avec Bernard Arnault l'été dernier. Et soit dans la foulée renouvelé à son poste pour quatre ans...
Les trois premiers actionnaires sur la même ligne
Mais le Qatar demande surtout que, dans son sillage, les deux autres grands actionnaires de Lagardère, Vincent Bolloré et Amber, soient eux aussi représentés au conseil de surveillance.
Ensemble, les trois premiers actionnaires compte plus de la majorité du capital de Lagardère. Derrière ce basculement du Qatar, tout le monde y voit, encore, la main invisible de Nicolas Sarkozy, qui siège au conseil de Lagardère. A la fois proche de Vincent Bolloré, du Qatar et d'Arnaud Lagardère, il semble avoir, lui aussi, choisi son camp.
La gérance de Lagardère a en tout cas communiqué ce mercredi qu'elle accueillait "favorablement" cette prise de position de l'actionnaire Qatar Investment. Cette requête est "logique compte tenu de l'historique ancien et de la qualité de la relation entre Arnaud Lagardère et le Qatar", a estimé l'entourage du dirigeant français. La demande sera étudiée dans l'optique d'une prochaine AG au printemps, a précisé à l'AFP l'entourage d'Arnaud Lagardère.
Prochaine échéance pour Lagardère dans ce contexte de conflit avec Vivendi et Amber Capital: jeudi. Lors d'une audience les juges du tribunal de commerce de Paris devront décider si les deux commanditaires Vivendi et Amber peuvent obtenir l'assemblée générale extraordinaire qu'ils demandent pour désigner leurs propres représentants au conseil de surveillance. Cette assemblée générale leur avait été refusée fin août par le groupe qui jugeait alors que les requérants ne présentaient "aucun motif légitime".