La Fed relève de nouveau fortement son taux directeur, de 0,75 point de pourcentage

La banque centrale américaine (Fed) a annoncé mercredi une cinquième hausse d'affilée de ses taux directeurs, les relevant à nouveau de trois quarts de point de pourcentage pour les situer entre 3% et 3,25%, et prévoit de poursuivre ce mouvement face à l'inflation qui reste très élevée.
Il s'agit de la troisième hausse consécutive de ce niveau de 75 points de base, alors que l'inflation est attendue désormais à 5,4% cette année contre 5,2% jusqu'ici attendue.
"Le Comité est fermement déterminé à faire revenir l'inflation à son objectif de 2%", a déclaré la banque centrale des Etats-Unis dans le communiqué annonçant la troisième hausse de taux de 75 points de base consécutive décidée par son comité de politique monétaire, le FOMC (Federal Open Market Committee).
La Fed "prévoit que de nouvelles hausses de l'objectif de taux seront appropriées", ajoute-t-elle.
La Fed anticipe désormais une croissance quasi nulle pour 2022 (+0,2%) contre 1,7% prévu en juin. Elle revoit ses prévisions à la baisse pour les années à venir avec 1,2% en 2023, 1,7% en 2024 et 1,8% en 2025.
Concernant l'inflation, l'institution monétaire américaine anticipe une inflation à 5,4% en 2022 puis un retour progressif à la normale: 2,8% en 2023, 2,3% en 2024 et 2% en 2025.
Quelles conséquences sur l'économie?
Relever le taux directeur fait augmenter les taux d'intérêts des divers prêts aux particuliers et professionnels, afin de faire ralentir l'activité économique, et donc de desserrer la pression sur les prix.
Les taux des prêts immobiliers, par exemple, ont ainsi grimpé depuis le début de l'année, et viennent de dépasser les 6% pour un prêt sur 30 ans, pour la première fois depuis 2008. Cela fait baisser les ventes dans ce secteur qui avait affiché une bonne santé insolente depuis le début de la pandémie.
Mais ce ralentissement volontaire de l'économie est très délicat, car un trop grand coup de frein peut faire basculer les États-Unis dans la récession qui, d'ores et déjà, plane sur l'ensemble de l'économie mondiale.
L'excellente santé du marché du travail offre à la Fed des marges pour agir de façon agressive. Le taux de chômage actuel est l'un des plus bas des 50 dernières années, et il n'y a pas assez de travailleurs pour occuper tous les postes vacants.
Le taux de chômage, aujourd'hui à 3,7%, devrait très légèrement augmenter sous l'effet de la hausse des taux, à 3,8% en 2022, proche des 3,7% précédemment attendus, avant d'atteindre 4,4% en 2023 (contre 3,9% anticipés en juin).
Au tour de la BCE?
La puissante institution l'a martelé : la lutte contre l'inflation est sa priorité. La laisser s'ancrer impliquerait des mesures encore plus douloureuses pour les ménages et entreprises, comme ce fut le cas il y a 40 ans, après des années de flambée des prix frôlant parfois les 15%.
La banque centrale américaine, comme ses homologues partout dans le monde, tente de juguler une inflation provoquée par les perturbations de la chaîne d'approvisionnement liées au Covid-19, et exacerbée par la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation avec la guerre en Ukraine.
Elles sont nombreuses à se réunir cette semaine, notamment, jeudi, la banque d'Angleterre (BoE) et celle du Japon (BoJ). Mardi, la banque de Suède, la Riksbank, avait créé la surprise avec une hausse inédite d'un point.
Début septembre, la Banque centrale européenne (BCE) avait relevé ses taux de trois quarts de points de pourcentage, du jamais-vu.
