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L'UE sécurise son approvisionnement en lithium en signant un partenariat avec la Serbie

Le projet du groupe Imerys vise à extraire du lithium sur son site de Beauvoir, à Echassières (Allier), où il exploite déjà du kaolin

Le projet du groupe Imerys vise à extraire du lithium sur son site de Beauvoir, à Echassières (Allier), où il exploite déjà du kaolin - Hassan AYADI © 2019 AFP

Indispensable à la fabrication de batteries pour les voitures électriques, la lithium serbe devra rester en priorité sur le sol européen selon un protocole d'accord signé entre Belgrade et l'UE.

Une semaine à peine après une décision de la justice serbe qui a ouvert la voie à la reprise d'un projet controversé d'exploitation de lithium, la Serbie signe vendredi à Belgrade un partenariat sur les "matériaux critiques" avec l'Union européenne (UE), en présence du chancelier allemand Olaf Scholz.

Un "protocole d'accord (...) sur les matières premières ainsi que sur la chaîne d'approvisionnement des batteries et des véhicules électriques" sera signé lors d'un "sommet sur les matériaux critiques", selon l'annonce par le cabinet du vice-président de la Commission Européenne Maros Sefcovic, qui y participera.

Le document vise à assurer que la matière première exploitée en Europe "reste sur le sol européen", a précisé jeudi le président serbe Aleksandar Vucic.

Le lithium est un métal extrait de minerai indispensable à la fabrication de batteries pour les voitures électriques. L'industrie automobile européenne investit tous azimuts dans cette transition, alors que les véhicules thermiques seront interdits à la vente dans l'UE à partir de 2035.

Le marché de la batterie est pour l'instant dominé par les producteurs chinois, vis-à-vis desquels Bruxelles et Berlin veulent réduire leur dépendance.

La puissante industrie allemande y est particulièrement intéressée. Selon Aleksandar Vucic, le chancelier allemand sera accompagné "par des représentants du Mercedes-Benz". Par ailleurs, des représentants de plusieurs banques européennes participeront également au sommet, selon lui.

Plus tôt cette semaine, un porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a déclaré que l'accord s'inscrivait "dans le cadre d'un projet d'extraction durable de lithium" en Serbie.

La Serbie veut sa part du gâteau

Découvertes en 2004, les réserves de lithium de la région de Jadar, en Serbie occidentale, sont parmi les plus importantes d'Europe.

Selon le géant minier anglo-australien Rio Tinto, qui gère le projet, elles pourraient permettre de produire annuellement 58.000 tonnes de carbonate de lithium, suffisamment pour 1,1 million de véhicules - ou 17% de la production européenne de véhicules électriques.

La future mine a toutefois été source de nombreuses querelles politiques ces dernières années, les opposants craignant l'impact sur l'environnement dans cette région agricole.

Sous la pression des manifestations, le gouvernement serbe avait suspendu le projet en 2022. Deux ans plus tard, la Cour constitutionnelle a tranché, le 11 juillet, estimant que cette décision n'était "pas conforme à la constitution".

Le gouvernement a alors annoncé mardi la mise en oeuvre de l'arrêt de la justice et autorisé la reprise des opérations.

Le président Vucic, qui veut arrimer son pays à l'UE, a déclaré récemment que l'exploitation pourrait commencer vers 2028, à condition d'obtenir des assurances quant à la protection de l'environnement.

Il a annoncé la signature vendredi aussi d'une "lettre d'intention" prévoyant l'installation de capacités industrielles en Serbie, en assurant que Belgrade ne permettrait pas l'exportation de plus de "12% à 13%" de matière première de lithium.

Le reste "pourra sortir de la Serbie en forme de cathodes ou de batteries fabriquées en Serbie", a-t-il dit.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco