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L'incroyable retournement de Washington sur la stratégie tarifaire avec l’Europe

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L'administration Trump estime désormais que les 10% de hausse des droits de douane sont un plafond, et non plus un plancher. Un changement de pied majeur.

La volte-face est spectaculaire. Selon nos informations, Washington considère désormais le taux de 10 % comme un plafond pour les tarifs douaniers avec l’Europe, et non plus comme un plancher. Un changement radical, aussi inattendu que lourd de conséquences.

De la guerre commerciale à l’ouverture

Il y a encore deux mois, les représentants américains ne parlaient que de droits de douane, de TVA, de fiscalité et de guerre tarifaire. Mais la semaine dernière, lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, c’est une toute autre atmosphère qu’ont découverte les grands argentiers de la planète réunis à Washington.

À l’occasion du G7 Finances qui s’est également tenu dans la capitale américaine, les responsables américains ont surpris leurs homologues européens en les qualifiant de "best friends and allies" (meilleurs amis et alliés), une formule chaleureuse qui n’avait plus été employée depuis un certain temps.

Ce changement de ton a stupéfié les Européens, habitués à des relations commerciales beaucoup plus tendues ces dernières années.

Un plafond de 10%... et des perspectives de baisse

Les Américains ont indiqué très clairement que le taux de 10% de droits de douane appliqué aux produits européens constitue un plafond, et non plus un plancher. Ils se montrent même ouverts à des négociations pour abaisser ces droits, parfois à des niveaux inférieurs à ceux pratiqués avant l’ère Trump.

L’administration américaine, si prompte à imposer des tarifs punitifs par le passé, semble aujourd’hui prête à renouer avec une approche plus coopérative.

Une ouverture sans mandat clair

Néanmoins, cet enthousiasme affiché reste à nuancer. Ni le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnik, ni le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, n’ont encore reçu de mandat officiel pour mener des négociations formelles.

Ils se sont contenté de répéter qu’ils sont "très ouverts à la discussion" et qu’ils souhaitent explorer avec l’Europe des pistes d’atterrissage pour développer les échanges commerciaux, notamment par des convergences réglementaires.

En parallèle, les États-Unis poursuivent leur projet de baisse massive d’impôts, avec l’objectif de faire voter leur paquet fiscal d’ici le 4 juillet. Mais sans les recettes issues des droits de douane, l’équation budgétaire s’annonce compliquée pour Washington.

La politique économique américaine en plein flou

Bref, difficile de comprendre pleinement la ligne politique suivie actuellement par Donald Trump. Un facteur semble toutefois peser lourd dans ce changement d’attitude: les mouvements inquiétants observés sur les marchés financiers, en particulier sur les marchés obligataires, qui ont contribué à calmer quelque peu les ardeurs de l'administration.

Mais la question reste ouverte : ce virage tarifaire est-il une véritable stratégie durable ou simplement une manœuvre conjoncturelle dictée par l’urgence économique?

Raphaël Legendre