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"Je serais stupide de refuser": comme le président turc avant lui, Trump se dit très satisfait par le Boeing offert par le Qatar

Trump va accepter un Boeing 747-8 offert par le Qatar pour l'utiliser comme "Air Force One"

Trump va accepter un Boeing 747-8 offert par le Qatar pour l'utiliser comme "Air Force One" - Abdulla Al-Bedwawi

Alors que Donald Trump s'apprête à recevoir le cadeau plus onéreux jamais offert au gouvernement des Etats-Unis, le Qatar avait déjà fait preuve d'une telle générosité en offrant le même Boeing 747-8 à la présidence turque en 2018.

Donald Trump a assuré lundi qu'il serait "stupide" de refuser l'avion en passe d'être offert aux Etats-Unis par le Qatar.

"Je pense que c'est un beau geste venant du Qatar. Je suis très reconnaissant. Je ne suis pas du genre à refuser une telle offre. Je pourrais être une personne stupide et dire "Non, nous ne voulons pas qu'on nous donne un avion très cher"", a déclaré le président américain.

La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a confirmé plus tôt lundi que la famille royale du Qatar allait offrir un Boeing 747-8 Jumbo dépeint par des médias comme un "palace dans le ciel".

"Les détails juridiques de cette offre sont encore en train d'être étudiés", a-t-elle déclaré à la chaîne Fox News.

"Mais bien sûr, tout don à ce gouvernement est toujours réalisé dans le respect total de la loi, et nous nous engageons à la plus grande transparence, et nous continuerons à le faire", a-t-elle ajouté.

Il pourrait s'agir du bien le plus onéreux jamais offert au gouvernement des Etats-Unis, alors que Donald Trump se rend au Moyen-Orient, avec une étape au Qatar, de mardi à vendredi.

La porte-parole a également assuré que ce pays de Golfe ne cherchait pas de traitement de faveur en retour, car "ils connaissent le Président Trump et savent qu'il ne travaille qu'avec les intérêts des Américains en tête".

Ce cadeau pose la question de potentiels conflits d'intérêt, d'autant que la Constitution américaine interdit aux dépositaires de l'autorité publique d'accepter des cadeaux "de la part d'un roi, d'un prince ou d'un Etat étranger".

Quand le Qatar offrait un Boeing à Erdogan

Il pourrait cependant exister un vide juridique, notamment s'il est offert en tant que don au Pentagone.

Ce n'est pas la première fois que l'émir du Qatar se montre très généreux avec un chef d'Etat. En 2018, c'est le président turc Recep Tayyip Erdogan qui s'était vu offrir un Boeing 747-8 acheté neuf en 2012 par l’émir du Qatar qui l’avait fait aménagé à grand frais pour ses besoins propres.

"Le Qatar vendait cet avion (...) Nous nous y sommes intéressés. En apprenant cela, l'émir nous l'a offert, en disant 'Je ne peux prendre de l'argent de la Turquie, je l'offre à la Turquie'", avait affirmé le dirigeant turc au quotidien Hürriyet. 

Un cadeau cependant jugé "humiliant" par l'opposition à Ankara. "L'Etat de la République de Turquie ne doit pas se réduire à accepter un avion offert par un cheikh", s'était alors insurgé le chef du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu.

Le dirigeant républicain américain compte de son côté remplacer les deux Boeing 747-200B actuels, entrés en service en 1990 sous le président George Bush père. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a plusieurs fois pesté contre les coûts de maintenance importants de ces appareils.

Plus tôt dans l'année, Donald Trump avait indiqué que "des alternatives" étaient à l'étude concernant le futur avion présidentiel, faisant part de son mécontentement face aux retards pris par l'avionneur Boeing.

Le géant américain de l'aérospatiale a signé en 2018 un contrat de fourniture de deux avions 747-8 avant fin 2024 pour 3,9 milliards de dollars, équipés pour transporter le président américain.

Mais des modifications du projet, notamment réclamées par Donald Trump lors de son premier mandat, la faillite d'un sous-traitant ainsi que la pandémie de Covid-19 et les problèmes d'approvisionnement qui ont suivi, ont repoussé le calendrier.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco