Warren Buffett estime que "les tarifs douaniers (de Donald Trump) sont un acte de guerre"

Berkshire Hathaway a vu sa capitalisation boursière franchir cette barre symbolique ce mercredi après-midi. Ce que très peu d'entreprises ont réussi jusque-là. - AFP
Donald Trump a mis ses menaces à exécution. Depuis ce mardi, les tarifs douaniers des produits importés du Canada, du Mexique et de Chine ont fortement augmenté.
Alors que le président américain assurait durant sa campagne que "les tarifs douaniers étaient le plus beau mot du dictionnaire", cette politique ne fait pas du tout rire Warren Buffett.
Le milliardaire américain, 7e fortune mondiale (161 milliards de dollars), a critiqué cette nouvelle donne internationale ce dimanche dans une interview à la chaîne CBS.
"Les tarifs douaniers sont en fait – nous en avons beaucoup fait l'expérience – un acte de guerre, dans une certaine mesure", a-t-il déclaré.
Donald Trump a imposé des droits de douane de 25% sur les produits en provenance du Canada et du Mexique qui sont les principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Mais c'est surtout vers le rival chinois que les regards sont tournés. Le président américain a également relevé de 10% à 20% les droits de douane appliqués à la Chine.
Pékin a immédiatement riposté en réhaussant à son tour les tarifs douaniers des importations agricoles américaines. Le ton employé par les autorités chinoises se faisant très menaçant.
Si Washington persiste à mener une "guerre des droits de douane, une guerre commerciale ou toute autre forme de conflit, la Chine sera prête à l'accompagner jusqu'au bout", a affirmé ce mardi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse.
Warren Buffett ne s'est pas étendu sur son commentaire mais les tarifs douaniers ont longtemps été associés à une politique commerciale protectionniste qui a influencé la politique étrangère isolationniste.
L'échec de cette stratégie dans les années 30
Durant la grande dépression des années 1930, les États-Unis avaient ainsi promulgué le Smoot-Hawley Tariff Act qui augmentait les droits de douane jusqu'à 80% pour protéger l'industrie et les emplois américains. Une décision qualifiée alors déjà "de déclaration de guerre" notamment par les médias français en 1930 et qui avait accentué la paralysie financière mondiale. La chute des importations américaines n'avaient eu aucun effet positif sur l'emploi aux États-Unis et la loi fut d'ailleurs abrogé en 1934 par le président Roosevelt.
Au-delà des conséquences internationales, Warren Buffett a estimé que la hausse des taxes douanières aurait de plus des conséquences néfastes sur le pouvoir d'achat des Américains.
"Ce n'est pas la petite souris ("Tooth Fairy") qui va les payer", a-t-il ironisé.
Manière de dire que ces taxes seraient répercutées sur les prix des produits importés et achetés par les Américains. De plus, les ripostes des pays partenaires comme la Chine devraient entraîner un ralentissement du commerce mondial dont l'activité américaine pourrait pâtir.
"En économie, il faut toujours se poser cette question, toujours dire: 'Et ensuite?'", a déclaré Warren Buffett.
Autrement dit, "qui supportera les coûts de ces hausses?", "quelles seront les ripostes des partenaires commerciaux?", "quelle escalade suite aux représailles?"...
Des objectifs irréalistes
Les autorités américaines semblent en tout cas confiantes et sûres de leur politique. Le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a qualifié sur CNN de "stupides" les propos de Warren Buffett sur les tarifs douaniers. Les droits de douane pourraient remplacer selon lui l'impôt fédéral sur le revenu qui est aujourd'hui la principale ressource de l'État.
Un objectif qualifié d'irréaliste par des nombreux économistes.
"Les États-Unis récoltent environ 3000 milliards de dollars par an grâce à l'impôt sur le revenu et importent également pour environ 3000 milliards de dollars de biens par an, rappelle Torsten Slok, économiste en chef chez Apollo Global Management, dans une note aux investisseurs. Cela signifie que les droits de douane devraient être d'au moins 100% sur tous les biens importés pour remplacer l'impôt sur le revenu."
Avec la conséquence évidente qu'un doublement des tarifs douaniers ferait exploser les prix des produits importés et donc la demande pour ces derniers. Ce qui ferait fondre en retour les recettes fiscales escomptées...
