Viktor Orbán et Donald Trump: une amitié bientôt mise à l'épreuve?

La Hongrie a capté plus d'un quart des capitaux chinois investis en Europe depuis 2022. Investissements principalement dans des usines de fabrications de véhicules électriques et de batteries. De quoi permettre à l'industrie automobile du pays de rester solide, souligne fièrement le ministre de l’Économie, Márton Nagy. Le secteur devrait à terme représenter près d'un tiers du PIB.
Une bouée de sauvetage pour une économie hongroise qui peine à éviter la noyade. Le pays est en récession. Il est l’un des moins performants de l'Union Européenne avec un déficit qui devrait atteindre 4,5 % du PIB cette année. Projection jugée même trop optimiste par les analystes.
Mais ce n’est pas le souci de Pékin qui continue d’injecter des milliards. Plusieurs projets sont sur les rails. Alors pourquoi ces investissements massifs? Parce que le coût de la main-d'œuvre et le prix des terrains restent bien inférieurs à ceux d'autres pays européens. En plus de cela, les relations personnelles entre Xi Jinping et Viktor Orban sont, dit-on, très chaleureuses.
“Make Europe Great Again”
Viktor Orbán est aussi très proche de Donald Trump. C’est même son seul véritable ami européen. Le dirigeant hongrois a eu l’honneur d’être cité, à deux reprises, par Trump lors de son débat face à Kamala Harris.
Il avait promis de sabrer le champagne si le républicain l’emportait. Il a finalement célébré la victoire à la vodka saluant le "plus grand retour en force de l'histoire politique occidentale".
Les deux hommes se sont entretenus au téléphone dans la foulée. Pour le président hongrois l’élection américaine a créé une nouvelle réalité:
“L'avenir est aux nations souveraines, indépendantes, fières et avides de succès. Telle est la nouvelle réalité. Chacun en Europe doit y adapter son propre destin et ses propres politiques."
Déclaration aux accents isolationnistes. Viktor Orbán, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, admire le 47eme président américain. Il dit d’ailleurs fièrement vouloir “Make Europe Great Again”, référence évidente au slogan MAGA. La relation entre les deux hommes ne date pas d’hier. Viktor Orbán fut le premier dirigeant occidental à soutenir la candidature de Donald Trump 2016.
Gymnastique diplomatique
Être proche à la fois de Trump et de Xi Jingping implique d’avoir un bon sens de l’équilibre et une maitrise de la gymnastique diplomatique. Viktor Orbán entend bien approfondir davantage ses liens avec la Chine tout en développant d'excellents rapports avec la future administration américaine. Rapports qui étaient tendus avec l’équipe Biden.
Donald Trump ne fait jusqu’ici pas de commentaires sur les liens qu’entretient Budapest avec Pékin. Le ministre hongrois des finances dit ne pas s'inquiéter d’une possible augmentation des frais de douanes. Alors certains s’interrogent. Viktor Orban espère-t-il un traitement de faveur de la part de Donald Trump? Les exportations de son pays pourraient-elles échapper aux surtaxes?
Potentiellement, le président américain élu à la possibilité de briser la politique commerciale européenne en accordant des privilèges à certains gouvernements. Viktor Orban se voit déjà être l’homme qui murmure à l’oreille de Trump pour le compte des européens. Une place que pourrait lui disputer Giorgia Meloni, très proche d’Elon Musk.