"Une grande réussite pour toutes les personnes noires": le Premier ministre éthiopien inaugure en grande pompe son mégabarrage sur le Nil

L'Ethiopie inaugure officiellement mardi son Grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil, source de tensions avec l'Egypte depuis plus d'une décennie. Présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d'Afrique, le mégabarrage est l'un des rares sujets faisant l'unanimité dans ce pays de la Corne de l'Afrique déchiré par plusieurs conflits armés, encore actifs dans les deux régions les plus peuplées du pays, l'Amhara et l'Oromia.
Le Grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil est "une grande réussite non seulement pour l'Éthiopie, mais pour toutes les personnes noires", s'est félicité mardi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de l'inauguration du plus grand ouvrage hydroélectrique du continent.
"Pour les pays en aval, l'Éthiopie a accompli le GERD comme un brillant exemple pour les populations noires. Cela n'affectera en rien votre développement", a-t-il assuré.
Le Caire veut défendre sa sécurité hydrique
Le mégabarrage a en effet été vertement critiqué par Le Caire, notamment, qui, craignant un tarissement de sa principale source d'approvisionnement en eau, martèle qu'il constitue une "menace existentielle". L'Egypte, pays d'environ 110 millions d'habitants, dépend du Nil pour 97% de ses besoins hydriques, notamment pour l'agriculture. La président Abdel Fattah al-Sisi a promis que l'Egypte prendrait toutes les mesures prévues par le droit international pour défendre sa sécurité hydrique.
"Quiconque pense que l'Egypte fermera les yeux sur ses droits en matière d'eau se trompe", a-t-il déclaré à des journalistes le mois dernier.
L'exécutif égyptien s'est récemment rapproché des deux pays frontaliers de l'Ethiopie: l'Erythrée, qui entretient aujourd'hui des relations tendues avec Addis Abeba, et la Somalie. Le Soudan a également fait part de son inquiétude.
Un coût total de 4 milliards de dollars
Pour l'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, où quelque 45% des 130 millions d'habitants n'ont pas accès à l'électricité il est toutefois un gage de "révolution énergétique", selon des experts. Le mégabarrage doit atteindre à terme une capacité de production de 5.000 mégawatts (MW), soit le double de ce que le pays produit actuellement. La première pierre du GERD, immense ouvrage de 1,8 kilomètre de large pour 145 mètres de haut, d'une contenance totale de 74 milliards de mètres cubes d'eau, a été posée en avril 2011.
Il va aussi permettre à Addis Abeba de générer d'importantes recettes grâce à l'électricité vendue à ses voisins. Le Premier ministre Abiy a estimé la semaine dernière les retombées du GERD à 1 milliard de dollars par an, pour un coût total estimé à 4 milliards de dollars.
Les festivités ont commencé lundi soir avec lampions et lasers, un essaim de drones martelant des slogans positifs dans le ciel - comme "l'ascension géopolitique" et "un saut dans le futur", et un feu d'artifice géant. Sur les réseaux sociaux, les images du barrage, ornées du drapeau éthiopien, étaient légion à l'approche de l'inauguration. Tant le TPLF -le parti tigréen, au pouvoir jusqu'en 2018- que le parti d'Abiy qui lui a succédé s'en attribuent le mérite.