Ukraine: l'heure de vérité pour les Européens

L’heure de vérité a sonné pour les dirigeants européens. C’est le moment de s’affirmer après des semaines d’observation du nouveau locataire de la Maison Blanche. Ils le savent et se rangent en ordre de bataille.
La conférence de Munich sur la sécurité s’ouvre ce vendredi avec pour principal sujet la guerre en Ukraine. J.D. Vance et le chef de la diplomatie américaine seront présents. Comme une manière de se préparer au face à face, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, la Pologne et l’Italie se réunissent en mini-sommet ce mercredi, sans Washington.
Le but: se mettre d’accord sur une approche, une stratégie commune, même si au fond le bloc attend toujours d’en savoir plus sur les intentions de Donald Trump avant d’avancer ses pions.
"Plan de paix"
Le Président américain affirme avoir un "plan du paix". Il le répète sans pour autant en dévoiler le contenu.
Après une multitude de déclarations polémiques sur Gaza, Donald Trump, a choisi cette semaine pour s’exprimer sur l’Ukraine et semer le trouble.
Les Ukrainiens "pourraient arriver à un accord, ils pourraient ne pas arriver à un accord. Ils pourraient être russes un jour, comme ils pourraient ne pas être russes un jour", a-t-il déclaré sur FoxNews.
Il souffle le chaud et le froid, brouillant les pistes quant à ses réelles volontés. Une manière, pour celui qui réclame par ailleurs l’équivalent de 500 milliards de dollars en terre rares à l’Ukraine, de faire monter la pression sur les acteurs du conflit.
Bruxelles et Londres, préfèrent ne préfèrent pas réagir et se concentrent sur les rendez-vous diplomatiques à venir. La priorité, pour eux, c’est d’obtenir une place à la table des négociations. Et cela pourrait être compliqué car le Kremlin n’y est pas favorable.
"Les négociations devraient avoir lieu entre la Russie et les États-Unis, sans la participation d'autres pays occidentaux", avait déclaré Nikolaï Patrouchev, l’un des conseilleurs les plus influents de Vladimir Poutine, juste avant l’investiture de Donald Trump.
Garanties de sécurité
La question des garanties de sécurités pour l’Ukraine qui pose également. En admettant qu’un accord soit bientôt trouvé, qui protégera le pays? Qui garantira le respect d’un cessez-le-feu? Qui dissuadera Moscou de reprendre les armes? Les Européens savent déjà que la charge leur reviendra en priorité.
Volodymir Zelensky, qui doit rencontrer le vice-président américain à Munich, affirme désormais que "les garanties de sécurité sans les États-Unis ne sont pas de vraies garanties de sécurité".
Selon lui, même si 100 000 voire 150 000 soldats européens étaient déployés cela ne ferait pas le poids face à l’armée russe. L’administration Trump, elle, exclut d’envoyer des hommes.
Dans le même temps, Washington demande à l’Europe de fournir un effort financier en matière de défense.
"Le continent européen mérite d'être à l'abri de toute agression, mais il devrait investir davantage dans sa défense" a déclaré du chef du Pentagone lors d'une visite aux troupes américaines à Stuttgart.
L’UE sait déjà pertinemment qu’elle doit trouver des financements pour renforcer son industrie militaire, pour la rendre plus autonome aussi. Ce qui suppose une unité politique. Alors les Européens vont-ils parvenir à s’entendre pour peser au maximum, dans quelle mesure et à quelle vitesse?
Donald Trump avait tout fait pour obtenir un accord à Gaza avant son investiture, vise-t-il un doublé avec l’Ukraine? Son émissaire spécial se rendra à Kiev le 20 février.