Quel avenir politique pour Kamala Harris?

Une "humiliation finale", c’est ce qu’a vécu lundi Kamala Harris selon le Daily Mail. En tant que présidente du Sénat, c’est à elle qu’est revenue la tâche de certifier la victoire de Donald Trump devant les parlementaires.
"Humiliation finale", ses proches trouvent la formule exagérée mais ils le concèdent : c’était un mauvais moment à passer. Pour eux, une certitude aujourd’hui, cela ne peut pas être sa dernière action politique. Mais alors que faire ?
Il y a ceux qui estiment qu’elle devrait prétendre au poste de gouverneur de Californie en 2026. Une élection a priori facile à gagner. La Californie c’est chez elle. Elle en a été la procureure générale pendant plusieurs années. Et puis il y a les autres, qui aimeraient qu’elle brigue une nouvelle fois la présidence.
"Beaucoup disent qu'elle n'a pas vraiment eu sa chance cette année et qu'elle devrait pouvoir se représenter en 2028", décalre Issac Dovere, éditorialiste politique sur CNN qui a pu consulter son entourage.
"Mais certains estiment qu’elle n’aurait pas la garantie d’avoir le champ libre lors des primaires et qu'elle perdrait l'investiture" démocrate, ajoute-t-il. Perdre l'investiture serait une humiliation supplémentaire, tout sauf nécessaire.
Un come back?
D’autant qu’elle avait évité, l’an dernier, ce passage normalement obligé. Ce qui avait frustré une partie des démocrates pour qui elle manquait, de fait, de légitimité.
Au-delà de cela, il est clair que Kamala Harris n’était pas suffisamment préparée. Lorsqu’elle a été jetée dans la course, elle avait bien déjà des ambitions présidentielles mais pas pour 2024. Selon un des membres de sa campagne, elle avait confié avant le retrait de Joe Biden qu’elle serait "prête pour 2028". C'était son objectif initial mais le destin en a voulu autrement.
Peu de candidats malheureux à la présidentielle américaine ont réussi un comeback mais il y en a. Donald Trump évidemment ou encore Richard Nixon. Après une défaite en 1960 face à John F. Kennedy, et une autre deux ans plus tard alors qu’il prétend au poste de gouverneur de Californie, il accède finalement à la Maison Blanche en 1968.
Une résilience qui pourrait inspirer Kamala Harris. Elle devrait préciser ses intentions d’ici l'été prochain.
"Grand ménage"
Pendant ce temps le parti démocrate tente de se relever. Et le temps presse. Les élections de mi-mandat arrivent à grands pas. Pour Laurence Nardon, responsable du programme Amériques à l'IFRI, les démocrates ne peuvent pas faire l’économie de l’analyse de leur défaite car les responsables du parti ont une énorme responsabilité.
"Ils n’ont pas fait émerger de nouveaux talents, de nouveaux visages depuis une quinzaine d’années et l’élection d’Obama", estime-t-elle
En effet, au début des année 2010, les responsables du parti avaient déjà décidé qu’Hilary Clinton serait candidate en 2016. Pas d’encouragement pour un renouveau. Scenario similaire en 2020 avec Joe Biden.
Aujourd’hui, certains préconisent un "grand ménage". Le président du DNC, l’instance qui gouverne le parti au niveau fédéral, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas. Il avait été très critiqué pour avoir soutenu Joe Biden jusqu’au bout.
Les Démocrates organiseront bientôt un "post-mortem" pour tirer le bilan. Les Républicains avaient fait de même en 2012 après leur deuxième défaite face à Obama. Mais les divisions de plus en plus grandes en l’aile modérée du parti et celle plus à gauche, très progressiste, pourraient compliquer le dialogue.