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Présidence tournante de l'UE: quelles sont les priorités de la Pologne?

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La Pologne occupe la présidence tournante du Conseil de l'UE pour les six prochains mois. Son mot d'ordre: la sécurité.

C’est le soulagement à Bruxelles après la présidence hongroise. Six mois durant lesquels Viktor Orban a fait cavalier seul. Le défi de la Pologne: restaurer l'unité du bloc en mettant l'accent sur la sécurité.

"Qu'est-ce que les gens veulent? Qu'est-ce qu'ils recherchent? Ils recherchent la sécurité, la sécurité dans toutes ses dimensions possibles" estime d’Agnieszka Bartol, ambassadrice polonaise auprès de l'UE.

Les dimensions en question sont les suivantes: la sécurité sanitaire, alimentaire, économique, énergétique et bien sûr la défense qu’il s’agit de renforcer. La Pologne qui partage une frontière avec l'Ukraine et la Biélorussie est en première ligne depuis le début de l’invasion russe. Et elle prône de nouveaux instruments de financement en matière militaire.

Des financements "innovants"

Pour Varsovie, l’Union européenne se doit d’aller au-delà du budget commun. Il faut explorer de nouvelles voies de financement, développer des instruments "innovants". Pas plus de précisions pour l’heure. L’idée de l'émission d'une dette commune à des fins de défense –les euro-obligations- reste un sujet sensible pour des États membres tels que l'Allemagne et les Pays-Bas.

Caroline Loyer : Varsovie s'érige en bouclier de l'Europe - 02/01
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Le prochain Livre blanc sur la défense du commissaire Kubilius, pourrait être une base de travail -il est attendu en mars.

Par ailleurs, la Pologne soutient l’élargissement de l’UE à l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. Élargissement essentiel, selon elle, pour garantir la stabilité régionale. Ce positionnement ne fait pas l’humanité au sein des 27. La Hongrie et de la Slovaquie, pourraient compliquer ces efforts.

La Pologne veut aussi mettre l’accent sur la sécurité énergétique. Varsovie entend analyser les moyens de réduire les coûts pour les citoyens européens et les entreprises qui étouffent. Elle estime que l’Europe doit viser l'autonomie et être prête à des ruptures d’approvisionnement.

Dernière illustration de cette vision: le chef de la diplomatie polonaise qui salue la fin du transit de gaz russe via l'Ukraine. Pour lui, c'est "une nouvelle victoire après l'élargissement de l'Otan à la Finlande et à la Suède".

Gérer l'incertitude

La Pologne devra gérer l’incertitude annoncée par l’arrivée de Donald Trump. Les dirigeants européens redoutent principalement deux choses: un désengagement américain en Ukraine. Donald Trump souhaiterait que les Européens consacrent 5 % de leur PIB à la défense contre 2% actuellement. Cela représenterait un effort collectif supplémentaire de plus 500 milliards d’euros.

Et puis l’UE craint aussi des tensions si ce n’est une guerre commerciale avec les Etats-Unis. Pour éviter les droits de douanes supplémentaires, Trump lui propose d’acheter plus de pétrole et de gaz américain. Voilà déjà un deal sur la table qui annonce la couleur. Il va donc falloir négocier, marchander avec l’allié historique pour maintenir de bons rapports.

Pour Varsovie, cette présidence de l’UE c’est une occasion cruciale d’influencer l’orientation du bloc durant une période turbulente. Son programme est "très ambitieux", elle le dit elle-même. Mais l’élection présidentielle polonaise 2025 pourrait inciter ses dirigeants à la prudence.

Caroline Loyer