"Nous aurons à répondre": Emmanuel Macron promet une riposte européenne face aux droits de douane américains

Sur le volet commercial, Emmanuel Macron veut que l'Europe se défende. En déplacement à Porto, le chef de l'État a revendiqué une riposte de l'UE, après que Donald Trump a annoncé son intention d'appliquer des droits de douane de 25% sur les produits européens, en avril:
"Si, en avril, ces nouveaux droits de douane sont mis en place, nous aurons à répondre, nous n’avons pas à être faibles. Nous avons à convaincre dans les prochaines semaines que c’est une mauvaise idée. Mais nous devons assumer", a expliqué Emmanuel Macron.
"Si les tarifs sur l'acier et l'alumiminum sont confirmés, nous répondrons", a-t-il aussi avancé - Donald Trump avait visé en priorité ce secteur, avec des droits de douane de 25%, mi-février.
La question commerciale est replacée dans un contexte plus large de détournement stratégique des États-Unis, dont le centre de gravité est désormais le Pacifique et la Chine en particulier. "Les Européens laissés seuls en Syrie, le retrait d’Afghanistan, c’était déjà que l’Europe n’était plus au cœur de la pensée stratégique américaine. Le choix américain aujourd’hui c’est une préférence américaine, il faut le respecter. Ensuite, leur priorité, c’est la Chine. Nous devons ne pas juger, mais respecter et engager les Américains à nos côtés", a expliqué le président.
À une nuance près: la relation euro-américaine est marquée par une forte dépendance. "Les Européens ont contracté des dépendances, donc nous devons garder les États-Unis près de nous, et agir plus fortement pour devenir indépendant. L’Europe découvre qu’elle n’est plus un marché mais une puissance. Elle doit produire ses solutions technologiques, ses solutions climatiques", a-t-il continué.
Des droits de douane "inflationnistes"
Emmanuel Macron a aussi rejeté la solution des droits de douane sur le plan économique, en expliquant qu'ils étaient "inflationnistes", et donc "mauvais pour tout le monde". Mais la considération économique n'est pas la seule à l'ordre du jour.
Sur les discussions avec les autorités américaines, le chef de l'État a pointé des "incompréhensions" qui n'en sont probablement pas: les Etats-Unis considèreraient la TVA, et plus largement les taxes sur la consommation, comme des droits de douane.
"Ce n’est pas le cas, nous taxons ce que nous produisons autant que ce que nous importons", a tenu à clarifier Emmanuel Macron.
Il a aussi voulu battre en brèche l'accusation de déficit commercial important des États-Unis à l'égard de l'Europe, rappelant que les deux zones s'échangaient 1.500 milliards d'euros de biens et services par an, et que le déficit commercial américain n'était "que" de 50 milliards d'euros environ. "En outre, imposer des droits de douane au moment où les Européens augmentent leur dépenses militaires, c’est une erreur de tempo. Cela fait une erreur de principe et une erreur de tempo", a souligné le chef de l'État. Manière de signifier que les Européens pouvaient être amenés à acheter du matériel de défense européen plutôt qu'américain.