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NBA Paris Games: les dessous de la stratégie internationale de la ligue américaine de basket-ball

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Depuis 2020, l'Accor Arena accueille chaque année une rencontre de la saison régulière de NBA. Les San Antonio Spurs du prodige français Victor Wembanyama et les Indiana Pacers s'y affrontent même à deux reprises cette année.

L'irruption à court ou moyen terme sur le marché européen de la puissante NBA, clairement ambitionnée par ses patrons présents à Paris cette semaine, agite le microcosme basketball du Vieux continent, bien que ses contours soient encore très flous. Et quand la NBA, assise à partir de la saison 2025-2026 sur 76 milliards de droits télévisés (jusqu'en 2036), avance ses pions en Europe, celle-ci s'agite.

Le "commissioner" de la ligue, Adam Silver, manque rarement depuis six mois l'occasion de souligner sa volonté de mettre un pied en Europe au-delà des matches de saison régulière qu'elle organise chaque année à Paris depuis 2020. Dont deux jeudi et samedi à Bercy, entre les San Antonio Spurs de Victor Wembanyama, d'ores et déjà une des stars de la Ligue, et les Indiana Pacers.

La NBA a toujours cherché à se développer à l'échelle mondiale en s'exportant sur d'autres continents. Elle organise depuis 2022 à Abou Dhabi des matchs de pré-saison et la NBA Cup, qui a débuté mi-novembre, est désormais sponsorisée par la compagnie Emirates de Dubaï. Quelques matches de saison régulière sont en outre organisés depuis plusieurs années à l'étranger : outre le NBA Paris Game en janvier, Miami et Washington se sont ainsi affrontés à Mexico début novembre.

"Pas de plan spécifique pour l'instant concernant l'Europe"

Présent à Lille en août lors des Jeux olympiques, Adam Silver évoquait "l'appétit de propriétaires de franchises d'investir davantage dans le basket mondial". "Il n'y a pas de plan spécifique pour l'instant concernant l'Europe, si ce n'est que nous acceptons d'examiner de près cette opportunité", déclarait-il encore en septembre. Et le patron de la NBA d'ajouter :

"Je pense qu'il existe un consensus sur le fait que le niveau d'intérêt pour le basketball en Europe n'est pas proportionnel à ses activités commerciales".

C'est particulièrement le cas de l'Euroligue, compétition privée et quasi fermée créée en 2000 par les grands clubs européens, qui ont quitté le giron de la Fiba (Fédération internationale) en grande partie justement pour accroître leurs revenus. Un quart de siècle plus tard, elle brille par son intérêt sportif, mais la très grande majorité de ses participants perd de l'argent : par exemple 20,8 millions d'euros pour le Real Madrid lors de la saison 2023-2024, selon les médias spécialisés. La faute notamment à des droits télévisés quasi inexistants, en dépit du contrat signé avec l'agence de marketing IMG, renouvelé il y a deux semaines jusqu'à la fin de la saison 2035-2036, plus d'un an avant son terme.

Vers une nouvelle compétition labellisée NBA Europe ?

Le secrétaire général de la Fiba, Andreas Zagklis, avait de son côté confirmé en décembre "des discussions en cours" avec la NBA, dans le respect "des sélections et des championnats nationaux". Adam Silver avait en août réfuté vouloir "modifier le cœur du basketball européen", très différent de son homologue américain. "Quoi que nous fassions, il est important que cela s'inscrive dans la structure du basket européen".

Sous quelle forme, justement, la NBA, qui conçoit la balle orange avant tout comme un business et un divertissement, pourrait-elle arriver en Europe ? Un partenariat commercial ? Des matches entre ses franchises et les équipes européennes ? Une compétition, existante ou non, labellisée NBA Europe ?

"Le mois prochain, nous verrons où nous en serons", disait en décembre Andreas Zagklis. Nous y sommes.

La piste d'une "semaine européenne"

En tout cas, Adam Silver a déclaré mercredi qu'il n'était pas certain que la NBA revienne la saison prochaine à Paris. Le commissionnaire de la Ligue nord-américaine a notamment évoqué l'intérêt marqué d'autres métropoles européennes pour accueillir des matches délocalisées de la NBA.

"D'un côté, il est très difficile d'organiser des matches de la saison régulière hors des États-Unis", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Mais de l'autre, a expliqué le commissionnaire de la NBA, "beaucoup de villes européennes sont intéressées pour accueillir ces rencontres", à l'instar de Berlin ou encore Londres.

À plus long terme, a-t-il ajouté devant un petit nombre de médias, il n'y a "aucun doute" que des matches de la NBA auront à nouveau lieu à Paris, qui accueille des rencontres depuis 2020.

Adam Silver a par ailleurs évoqué l'idée d'une "semaine européenne": les matches seraient mis "en pause" aux États-Unis" et plusieurs franchises NBA se rendraient en Europe pour y jouer des matches dans plusieurs villes. "Ce sont des choses à l'étude", a-t-il indiqué, ajoutant cependant: "Notre configuration actuelle, avec 82 matches sur un calendrier fixe, ne nous permet pas beaucoup de flexibilité pour l'instant."

Enfin, concernant la question récurrente d'une expansion de la NBA en Europe, le patron de la ligue nord-américain a plutôt évoqué "la possibilité de créer une ligue indépendante de la NBA", à l'instar de la Ligue africaine de basketball, même si "la forme qu'elle pourrait prendre n'est pas encore claire". "La raison pour laquelle nous avançons prudemment est que nous souhaitons respecter l'écosystème actuel du basket", a-t-il ajouté.

"Nous voulons être sûrs d'avoir entendu toutes les parties pour comprendre au mieux l'opportunité qui s'offre à nous", a complété le commissionnaire, qui a mis à profit sa semaine parisienne pour rencontrer les ligues existantes et les clubs, mais aussi des groupes de médias et des diffuseurs.

Retour en Chine après six ans

Début décembre, la NBA a annoncé qu'elle ferait son retour en Chine cette année avec deux matches de pré-saison entre les Brooklyn Nets et les Phoenix Suns programmés les 10 et 12 octobre à Macao. Aucun match n'a été organisé en Chine depuis 2019 et deux rencontres de pré-saison suivies par une publication polémique sur Twitter (devenu X) en faveur des manifestations à Hong Kong de Daryl Morey, alors manager des Houston Rockets.

ESPN, citant des sources anonymes, expliquait que les relations entre la ligue de basket nord-américaine et la Chine, important marché avec ses nombreux fans, se sont réchauffées notamment grâce à l'arrivée en 2020 de Michael Ma, chargé des opérations avec la Chine pour la NBA. Selon le quotidien anglophone South China Morning Post, ces matches feront partie d'un accord de plusieurs millions de dollars visant à organiser deux rencontres annuelles de pré-saison de la NBA au cours des cinq prochaines années à Macao.

Le basket est extrêmement populaire en Chine et la NBA a perdu des centaines de millions de dollars en raison de son retrait de la télévision chinoise jusqu'en 2022. De 2004 à 2019, 17 équipes y ont disputé un total de 28 matches de pré-saison. Le commissionnaire Adam Silver avait déjà indiqué en octobre lors d'une conférence qu'il pensait que la NBA "ferait son retour en Chine à un moment donné".

TT avec AFP