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Menacée de 30% de taxes, l'Afrique du Sud dénonce des droits de douane "punitifs et délétères"

L'Afrique du Sud fait l'objet d'attaques récurrentes de l'administration Trump.

L'Afrique du Sud fait l'objet d'attaques récurrentes de l'administration Trump. - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

L'Afrique du Sud va se voir appliquer des droits de douane de 30% à partir du 7 août et fustige la politique tarifaire de Donald Trump.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déploré lundi des taxes douanières américaines "très punitives", à quelques jours de l'application de ces droits de douanes de 30%, le taux le plus élevé d'Afrique subsaharienne.

"L'Afrique du Sud est confrontée de façon imminente aux droits de douane punitifs et délétères annoncés par les États-Unis", a constaté le chef d'État devant la presse, appelant le gouvernement à "agir avec urgence et détermination pour limiter l'impact de ces droits de douane très punitifs".

Si les "discussions" avec les États-Unis se poursuivent pour "normaliser les relations commerciales", le président sud-africain a appelé à une "diversification des marchés d'exportation" des entreprises, à l'issue d'une réunion de son parti politique.

Menaces sur l'emploi

Les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud. Le gouverneur de la Banque centrale a averti que le relèvement des droits de douane américains pourrait coûter 100.000 emplois, dans un pays déjà accablé par un chômage de 33%. Le ministère du Commerce et de l'Industrie a pour sa part évoqué lundi le chiffre de 30.000 emplois menacés.

L'impact sur la croissance pourrait être de 0,2%, a estimé le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola lundi lors d'une conférence de presse, alors que le PIB n'a augmenté que de 0,1% au premier trimestre.

Selon le gouvernement sud-africain, ces nouveaux droits de douanes doivent entrer en vigueur vendredi.

"On doit pousser la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine", a par ailleurs exhorté lundi le président sud-africain.

Agriculture, automobile, textile

Afin d'éviter les droits de douane élevés, l'Afrique du Sud a proposé d'importer du gaz naturel liquéfié et certains produits agricoles des États-Unis, ainsi que d'investir dans ses industries minière et de recyclage des métaux, avait indiqué le ministère du Commerce la semaine dernière.

Les nouveaux droits de douane toucheront particulièrement les secteurs sud-africains de l'agriculture, de l'automobile et du textile, selon Pretoria. Environ 35% des exportations sud-africaines échappent toutefois aux surtaxes, notamment le cuivre, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques ou certains minerais critiques.

Les exportations sud-africaines ne représentent que 0,25% du total des importations américaines, d'après Ronald Lamola. Pretoria soutient que ses exportations ne concurrencent pas l'industrie américaine, mais la soutiennent.

Le gouvernement a mis en place un bureau d'assistance qui aidera les exportateurs et les producteurs à explorer d'autres marchés dans le reste de l'Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, a déclaré Cyril Ramaphosa. Il fera également avancer le projet de zone de libre-échange pour le continent africain, a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière des droits de douane de 15% sur les exportations de plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, dont le petit royaume montagneux du Lesotho, dépendant des exportations, qui avait initialement été menacé de droits de douane de 50%.

"Provocation extrême"

Pretoria s'efforce encore de sceller un accord malgré la "provocation extrême" que représente la décision des États-Unis, a assuré Ronald Lamola.

L'Afrique du Sud fait l'objet depuis des mois d'attaques de l'administration de Donald Trump, qui lui reproche de prétendues persécutions des fermiers blancs ainsi que sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).

Le président américain avait accueilli en mai une cinquantaine de fermiers blancs afrikaners tels des réfugiés, affirmant sans fondement qu'ils étaient persécutés en Afrique du Sud.

Lors d'une rencontre dans le bureau ovale, Donald Trump avait ensuite diffusé, devant un Cyril Ramaphosa interdit, un montage vidéo ponctué d'erreurs et supposé prouver ses accusations.

HC avec AFP