Les incendies de forêt mettent à mal les ambitions écologiques des multinationales

Une véritable fournaise. Depuis plusieurs semaines, l'ouest américain est soumis à de violents incendies de forêt, portés par une canicule étouffante. En Oregon, Etat situé au nord de la Californie, le feu baptisé "Bootleg Fire" a déjà détruit l'équivalent de la superficie de Los Angeles et ne devrait pas être totalement sous contrôle avant le début du mois d'octobre, selon les autorités.
C'est une mauvaise nouvelle pour le climat, puisque les incendies relâchent tout le carbone stocké par les arbres. C'est aussi une mauvaise nouvelle pour de nombreuses multinationales américaines.
Comme le raconte le Financial Times, Microsoft et BP risquent ainsi de voir leur ambition zéro carbone mise à mal avec la disparition des forêts de l'Oregon. Pratique controversée, parfois considérée comme du greenwashing, le financement des forêts est devenu une technique pratique pour les entreprises qui cherchent à compenser leurs émissions de CO2.
Zone "tampon" en tension
Pour cela, elles plantent ou entretiennent des forêts souvent en achetant des sortes de crédits carbone. C'est le cas des majors du pétrole, mais aussi des entreprises technologiques qui font tourner des data servers parfois très polluants. Des centaines de millions de dollars sont investis dans ce but. Mais les violents incendies remettent en lumière les critiques contre ces compensations carbone.
"Nous devons nous poser de sérieuses questions sur ce procédé: va-t-il aider ou va-t-il nuire ?", explique à Politico Danny Cullenward, directeur politique de l'ONG CarbonPlan.
Les règles actuelles exigent que les propriétaires fonciers conservent une zone "tampon", un équivalent en crédits carbone destiné à compenser les pertes des incendies et maintenir ce marché du carbone dans le vert.
Pour le moment, le Bootleg Fire n'a pas fait suffisamment de dégâts pour surpasser la zone tampon. Mais si l'incendie devait progresser, il nuirait aux entreprises acheteuses mais aussi aux propriétaires fonciers, dont des tribus nord-amérindiennes qui vendent des crédits contre l'engagement de maintenir la santé de leurs forêts.