Le gouverneur de la Banque de France alerte sur les conséquences d'une dérégulation financière américaine

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau donne un coup de fil en marge de la réunion des ministres des Finances du G7 à Stresa, le 24 mai 2024. - GABRIEL BOUYS / AFP
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a brandi la menace d'une future crise économique face à la vague de dérégulation de l'administration américaine, dans un entretien à La Tribune Dimanche. "En encourageant les crypto-actifs et la finance non-bancaire, l'administration américaine sème les germes d'ébranlements futurs", a déclaré le gouverneur, rappelant que "les crises financières naissent aux États-Unis et se propagent dans le reste du monde".
"Les États-Unis risquent ici de pécher par négligence", a-t-il prévenu, écartant cependant tout "risque de crise bancaire européenne" puisque le continent est protégé par "de fortes réglementations" et une supervision "mieux assurée".
Une vague de dérégulation "dangereuse"
François Villeroy de Galhau avait été parmi les premières grandes voix économiques à s'inquiéter du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, à peine connu le résultat des urnes le 6 novembre dernier. La victoire de Donald Trump "augmente les risques pour l'économie mondiale", avait-il alors estimé.
"Je crois que ce qu'on entend parfois plaider aux États-Unis sur l'absence de régulation des non-banques, les divers fonds (...) ou l'absence de régulation des crypto-actifs est quelque chose qui mettrait en risque la stabilité financière", avait-il aussi jugé le 15 janvier devant la commission des Finances du Sénat.
"La vague actuelle de dérégulation américaine est dangereuse", avançait-il fin février dans les colonnes du mensuel Alternatives économiques. Interrogé sur la possibilité d'un grand emprunt européen pour financer la défense, François Villeroy de Galhau a indiqué à La Tribune Dimanche que "si on avance positivement sur une intégration européenne de la défense et des programmes d'armement, cela pourrait avoir un sens". "Mais pour la France, cela ne peut pas être un moyen de transférer son problème budgétaire à l'échelle de l'Europe", a-t-il ajouté.