Le FMI voit une amélioration des perspectives de l'économie mondiale malgré les incertitudes

Le FMI s'attend à voir la dette publique mondiale atteindre un sommet historique en 2020 - DR
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a fait état mardi d'une amélioration des perspectives de l'économie mondiale grâce aux plans de relance et à la vaccination contre le Covid mais elle a mis en garde contre les risques d'une reprise inégale entre les pays.
"Nous attendons une nouvelle accélération" de la croissance, a déclaré Kristalina Georgieva dans un discours en amont des réunions de printemps. Elle n'a toutefois pas dévoilé les nouvelles prévisions 2021 du Fonds monétaire international qui seront publiées le 6 avril.
Soulignant "l'incertitude extrêmement élevée", elle a décrit "une reprise à plusieurs vitesses" avec les Etats-Unis et la Chine moteurs de la croissance mondiale et les pays en développement à la traîne, un risque pour l'avenir de l'économie mondiale.
La directrice générale du FMI n'a pas cité de chiffres précis alors que le traditionnel rapport de l'institution de Washington sur les nouvelles perspectives pour l'économie mondiale sera publié le 6 avril dans tout juste une semaine.
Mais elle a précisé que la révision à la hausse de la croissance s'expliquait "en partie en raison du soutien politique supplémentaire" dont le plan gigantesque de 1900 milliards de dollars du président américain Joe Biden, et "en partie" par les effets attendus plus tard dans l'année des campagnes de vaccination dans de "nombreuses" économies avancées.
Cette amélioration est le fruit d'un "extraordinaire effort" des infirmières, des médecins, des travailleurs essentiels et des chercheurs à travers le monde, a-t-elle dit, tandis que les gouvernements ont pris des mesures budgétaires "exceptionnelles" pour un montant cumulé de 16.000 milliards de dollars.
Sans cette aide synchronisée, la contraction du PIB mondial enregistrée en 2020 (-3,5%) aurait été "trois fois plus importante", a également souligné la patronne du FMI.
Mais le Fonds constate aussi "une reprise à plusieurs vitesses de plus en plus propulsée par deux moteurs: les Etats-Unis et la Chine" qui font partie "d'un petit groupe de pays" qui dépasseront leurs niveaux d'avant crise d'ici la fin de cette année.
"Incertitude extrêmement élevée"
Pour Kristalina Georgieva, "l'un des plus grands dangers demeure l'incertitude extrêmement élevée".
"Tout dépend de la trajectoire de la pandémie", a-t-elle aussi expliqué alors que les progrès en matière de vaccination sont inégaux et que les nouvelles souches de virus freinent les perspectives de croissance, "en particulier en Europe et en Amérique latine".
De plus, il pourrait y avoir "plus de pression" sur les marchés émergents "vulnérables" avec des capacités budgétaires limitées. "Beaucoup sont fortement exposés à des secteurs durement touchés, comme le tourisme", poursuit la dirigeante.
Ces pays sont aussi ceux ayant un accès restreint aux vaccins tout en étant exposés à un risque "élevé" de surendettement. L'institution de Washington s'inquiète ainsi de la répercussion d'une reprise accélérée sur ces pays.
"Une croissance soutenue aux Etats-Unis peut profiter à de nombreux pays grâce à une augmentation des échanges" commerciaux, souligne Kristalina Georgieva. Mais, avec une reprise économique désynchronisée à travers le monde, si les pays avancés venaient à augmenter brutalement leurs taux d'intérêt, cela augmenterait les coûts de refinancement de la dette d'un certain nombre de pays émergents déjà à la traîne dans cette reprise.
Dans ces conditions, la patronne du FMI recommande aux pays de se concentrer sur la sortie de crise en accélérant la production et la distribution des vaccins.
Elle préconise aussi de continuer à soutenir les ménages les plus vulnérables, à investir dans l'avenir, en particulier dans les infrastructures, l'éducation et la santé, soulignant l'enjeu: "que tout le monde profite d'une transformation historique vers des économies plus vertes et plus intelligentes".
Elle exhorte aussi à accroître l'aide internationale en faveur des pays vulnérables. Et de citer une nouvelle étude du FMI montrant que les pays à faible revenu devront déployer quelque 200 milliards de dollars sur cinq ans pour lutter contre la pandémie.
Il leur faudrait également 250 milliards de dollars supplémentaires pour "revenir sur la voie du rattrapage des niveaux de revenus plus élevés". Kristalina Georgieva rappelle que le Fonds a fourni plus de 107 milliards de dollars de nouveaux financements à 85 pays et a décidé d'un allégement du service de la dette pour 29 de ses membres les plus pauvres.