Le FMI revoit en légère hausse la croissance de la France (+0,7%) qui reste sous la moyenne européenne (+1,2%) et fait pâle figure face à l'Espagne (+2,9%)

Le FMI - Mandel Ngan - AFP
L'incertitude politique, persistante en France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, a un impact sur les dépenses des ménages et entreprises et "contribue à dégrader la croissance", déjà faible, a alerté ce mardi le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.
"L'incertitude politique, la difficulté à mettre en place un budget et à tracer une trajectoire budgétaire, tout cela a un impact sur les décisions d'investissement et la confiance des ménages. Les ménages français et les entreprises sont dans une position très attentiste, ce qui contribue à dégrader la croissance", a pointé Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'un entretien accordé à l'AFP.
Une croissance toujours modeste
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié ce mardi ses prévisions de croissance qui restent très sombres pour la France, avec tout juste 0,7% (+0,1%) attendu cette année, avant une très légère amélioration à 0,9% en 2026 (+0,1 point), ce qui reste en-deçà de la moyenne de la zone euro où la croissance est attendue à 1,2%, soit 0,2 point de plus que dans les précédentes prévisions de l'institution de Washington publiées en juillet, et à 1,1% l'année prochaine, en baisse cette fois de 0,1 point.
Économie la plus dynamique parmi les principaux pays avancés, l'Espagne devrait même voir sa croissance bondir à 2,9% cette année (+0,4 point par rapport à juillet), avant d'avancer de 2% en 2026 (+0,2 point). La quatrième économie de la zone euro profite de la bonne santé de la consommation des ménages et de l'investissement malgré le climat d'incertitude provoqué par la hausse des droits de douane des Etats-Unis vers qui elle exporte assez peu.
Première économie de la zone euro, l'Allemagne devrait de son côté connaître après deux années de récession une croissance légèrement supérieure aux précédentes anticipations du FMI avec 0,2% (+0,1 point).
"Il va falloir se poser la question du niveau de dépenses globales"
La progression de l'activité tricolore est "insuffisante si l'on souhaite régler par la croissance les problèmes de finances publiques", a prévenu le chef-économiste du Fonds. Dès lors un effort doit être réalisé et "de notre point de vue, cela doit être sur la partie dépenses plutôt que la partie recettes", avec des mesures "graduelles et acceptées" en évitant les "mesures d'austérité qui pourraient venir tuer la croissance".
Mais, a insisté Pierre-Olivier Gourinchas, "le pays acceptera plus facilement l'effort à faire s'il est partagé par tous. La question de la justice fiscale est tout à fait légitime". Néanmoins, compte tenu "l'ordre de grandeur en jeu (...), il va falloir se poser la question du niveau de dépenses globales, en particulier des systèmes de financement de la protection sociale", a prévenu Pierre-Olivier Gourinchas.
Le président Emmanuel Macron a reconduit dimanche au poste de Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a assuré que la priorité était de "donner un budget à la France d'ici la fin de l'année". L'objectif affiché des deux projets de loi de finances, de l'État et de la Sécurité sociale, est de garder le déficit sous les 5% du PIB, contre 5,4% en 2024, au lieu de 4,7% initialement prévu, afin de disposer d'une marge de négociation avec les oppositions. Mais le nouveau gouvernement pourrait avoir une durée de vie limitée alors que les groupes LFI et RN ont d'ores et déjà déposé des motions de censure.