La Transnistrie, territoire pro-Moscou, contrainte de couper le courant face à l'arrêt du gaz russe

La Transnistrie, territoire séparatiste prorusse de Moldavie, a annoncé l'instauration de coupures de courant vendredi soir pour la population en raison de l'arrêt des livraisons de gaz russe, vitales pour son demi-million d'habitants. Ce petit territoire qui échappe au contrôle de Chisinau depuis la chute de l'URSS avait déjà mis à l'arrêt jeudi de nombreuses entreprises industrielles face au manque d'électricité. Cette fois, les habitants sont concernés.
"En Transnistrie, aujourd'hui, le 3 janvier, il y aura des coupures de courant. Ceci est dû au fait que les habitants de la république consomment actuellement plus d'électricité que le système énergétique n'en produit", a expliqué sur Telegram le ministère de l'Économie de ce territoire séparatiste. Ces coupures auront lieu à intervalles réguliers de 18h à 22h (17h à 21h en France métropolitaine), a-t-il précisé.
Le dirigeant de ce territoire, Vadim Krasnosselski, a estimé sur Telegram que "la charge (sur le réseau) va continuer à augmenter". Selon lui, plus de 3.000 foyers ont déjà été privés de lumière et de chauffage en raison d'incidents provoqués par la surcharge du réseau électrique. La veille, les autorités s'étaient alarmées d'une "crise grave" aux conséquences "irréversibles" après l'arrêt mercredi des livraisons de gaz russe à la Transnistrie, dans le contexte d'un différend financier entre Moscou et Chisinau.
Conflit autour de la dette
Le géant russe Gazprom approvisionnait jusqu'à présent la Transnistrie en gaz via le fournisseur local Tiraspoltransgaz, sans que cette société ne paye pour ces livraisons. La Transnistrie n'étant pas reconnue par la communauté internationale, l'entité sécessionniste envoyait les demandes de paiement à Chisinau, faisant augmenter la dette de la Moldavie envers Gazprom.
Le conflit autour du montant de la dette à régler envers Gazprom – chiffrée à plus de 700 millions de dollars par Moscou mais estimée à seulement environ 9 millions par Chisinau – a poussé le géant russe à couper le robinet à partir du 1er janvier. Le reste de la Moldavie est pour l'instant épargné par les coupures, notamment grâce à l'aide de la Roumanie voisine et après avoir pris des mesures drastiques pour réduire la consommation dans le pays.
Hors Transnistrie, la Moldavie ne reçoit déjà plus de gaz russe depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en 2022, mais dépend pour une grande partie de ses besoins en électricité de la centrale thermique de Cuciurgan, située en Transnistrie.
La Russie a également cessé ses livraisons de gaz à l'Union européenne via l'Ukraine, après l'expiration fin 2019 d'un contrat de transit signé entre les deux parties et que Kiev a refusé de renouveler. Cet arrêt inquiète fortement plusieurs pays de l'Est de l'Europe, dont la Slovaquie.