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L'OCDE estime que la guerre en Ukraine va coûter au moins 1 point de croissance à l'Europe

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La secrétaire générale adjointe de l'institution, Laurence Boone, a aussi détaillé les conséquences du conflit sur l'inflation, auprès du "JDD".

La marge d'erreur demeure importante, et les tractations autour de l'approvisionnement en gaz russe détermineront pour beaucoup le futur de la croissance européenne, mais le constat est là. Pour Laurence Boone, secrétaire adjointe de l'OCDE la reprise européenne va être durement affectée par le conflit en Ukraine, souligne-t-elle dans une interview accordée au Journal du Dimanche.

"[La croissance] pourrait diminuer de 1 à 1,5 point, mais le degré d'incertitude est élevé. Tandis que l'inflation pourrait augmenter encore de 2 à 2,5 points. Nous n'échapperons pas à une réflexion en profondeur concernant les sujets fondamentaux, dont la sécurité alimentaire, énergétique et numérique, ainsi que l'organisation des échanges commerciaux."

Se basant sur "l'expérience" allemande lors de crise migratoire de 2015, à la suite de la guerre en Syrie, l'OCDE estime que l'immigration engendrera des coûts immédiats de 10 000 à 12 500 euros par réfugié. Des coûts souvent compensés à moyen-terme: en Allemagne, la moitié du 1,1 million de personnes accueillies se sont insérées professionnellement, selon l'institut économique berlinois DIW.

Une inflation ralentie en 2023

Alors que le conflit a aussi infléchi l'idée d'une inflation purement transitoire, telle que présentée en début d'année, Laurence Boone estime que la hausse des prix devrait ralentir en 2023, "en fonction de l'évolution du conflit".

Le choc d'offre représenté par la stratégie "zéro Covid" en Asie, qui provoque des goulots d'étranglement à chaque fermeture décidée par Pékin, continue lui de tirer les prix vers le haut de façon durable.

Face à cette donnée, l'OCDE appelle à éviter une "spirale haussière":

"Il faut élaborer des politiques budgétaires ciblées pour aider les ménages et les entreprises à passer le cap. [...] Les dispositifs budgétaires ciblées aideront la politique monétaire en permettant d'ancrer les anticipations inflationnistes, tout en préservant le pouvoir d'achat des plus vulnérables."

Deux à quatre ans pour se défaire du gaz russe

La secrétaire générale adjointe indique enfin qu'il est possible pour l'Europe de s'extraire de sa dépendance au gaz russe. Un "programme de deux à quatre ans" doit être mis en place selon elle, pour permettre de s'appuyer à l'échelle européenne sur de nouvelles sources d'énergie, sans en revenir au charbon.

Sur le volet alimentaire, elle appelle en outre à se rappeler que l'Europe est à l'heure actuelle exportatrice de blé, et qu'elle doit apporter son aide à des pays plus en difficulté encore, alors que la famine guette une partie du continent africain:

"Pour pouvoir apporter de l'aide aux pays dépendants le cas échéant, les pays de l'OCDE doivent être attentifs au niveau des stocks et aux questions logistiques."

Face aux tensions avec la Russie, Laurence Boone récuse l'idée de barrières à l'échange, qui favoriseraient "la volatilité et l'instabilité".

Valentin Grille