La Banque d'Angleterre table sur un pic d'inflation d'"un peu plus de 10%" au 4e trimestre

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ce jeudi son taux de 0,25 point, à 1% pour contrer l'inflation, qu'elle voit flamberau-dessus de 10% au quatrième trimestre et provoquer une contraction de l'économie. Avec une progression de 0,25 point ce jeudi, cette quatrième hausse consécutive porte à 1% le taux de la banque centrale britannique.
La veille, son homologue américaine, la Réserve fédérale (Fed), avait remonté ses taux directeurs de 0,5 point, rattrapant son retard pour combattre l'inflation par rapport à la BoE, qui a commencé à agir fin 2021, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) envisage de leur emboîter le pas. "Les pressions inflationnistes mondiales se sont sévèrement intensifiées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie" et vont se répercuter sur les ménages britanniques en octobre avec une hausse des prix régulés de l'électricité de 40%, a expliqué la BoE jeudi, dans le compte rendu de sa réunion.
Résultat, l'inflation va culminer à "un peu plus de 10%" au quatrième trimestre, soit nettement plus que les 2% visés par l'institut monétaire britannique, et l'économie va reculer avec la chute du pouvoir d'achat des ménages à partir de la fin de cette année, ce qui entraînera une contraction de 0,25% de l'économie du Royaume-Uni en 2023.
Ces annonces ont fait plonger la livre. Vers 14h30, la devise britannique perdait 2,06% à 1,2371 dollar, au plus bas depuis 2020, quand le choc de la pandémie de Covid-19 se faisait le plus ressentir. La monnaie britannique reculait à la même heure de 1,52% face à l'euro à 0,8539 pence pour un euro.
Horizon assombri
La BoE tablait encore en février sur une augmentation de 1,25% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023. Elle anticipe désormais une contraction de 0,25% l'an prochain, après une première chute du PIB au dernier trimestre de cette année. Outre le choc de la guerre en Ukraine, le rapport de la banque centrale britannique mentionne la recrudescence de la pandémie de Covid-19 en Chine, qui "crée de nouvelles inquiétudes sur la chaîne de production".
Etant donné la manière dont le marché de l'électricité est régulé au Royaume-Uni, avec des évolutions deux fois par an, "l'inflation des prix aux consommateurs va probablement atteindre un sommet plus tard" dans le pays "que dans de nombreuses autres économies, et pourrait donc redescendre plus tardivement", prévient la BoE. La Banque note toutefois qu'elle se base, comme elle a coutume de le faire, sur une stabilisation des prix de l'énergie, alors que la situation en Ukraine peut évoluer soudainement et les faire basculer d'un côté ou de l'autre.
Si les cours restent à un niveau élevé, cela "va forcément peser sur les revenus réels des ménages du Royaume-Uni, et sur la marge des entreprises qui y sont installées", souligne la BoE. "La politique monétaire ne peut rien faire contre cela", ajoute-t-elle, estimant que son "rôle est de s'assurer que ce changement se produit d'une manière compatible avec son objectif d'une inflation à 2%".
Enjeu politique
Pour l'institut monétaire, l'enjeu est d'empêcher que la hausse de l'inflation (+7% sur un an en mars) ne se traduise par des hausses des prix et des salaires à long terme. Trois des neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE ont même voté pour une hausse plus marquée du taux, soit 0,5 point, et "la plupart des membres du Comité estiment qu'un degré de hausse supplémentaire dans les prochains mois pourrait encore être approprié", selon le compte-rendu.
Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, va expliquer la décision du Comité lors d'une conférence de presse. "Nous sommes dans une période de chocs sans précédent" et "nous cherchons un équilibre très précis entre l'inflation et le risque de récession", avait-il expliqué fin avril.
Le sujet du coût de la vie, la montée des prix de l'énergie touchant particulièrement les plus petits revenus, est au centre des élections locales qui se tiennent jeudi au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson promettant de faire "tout son possible", alors que l'opposition raille son approche "déconnectée de la réalité". Le Fonds monétaire international (FMI) avait fortement révisé à la baisse il y a quelques jours ses prévisions pour l'économie britannique, disant s'attendre à ce que le Royaume-Uni connaisse la croissance la plus faible du G7 l'an prochain.