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L'automobile électrique menacée par une pénurie de composants ?

Carlos Ghosn, qui présentait la nouvelle petite Renault K-ZE électrique avant-hier au Mondial de l'Automobile, évoque une pénurie de composants qui pèse sur la croissance des ventes.

Carlos Ghosn, qui présentait la nouvelle petite Renault K-ZE électrique avant-hier au Mondial de l'Automobile, évoque une pénurie de composants qui pèse sur la croissance des ventes. - ERIC PIERMONT / AFP

Carlos Ghosn l'affirme, si la voiture électrique peine à prendre son plein essor, c'est à cause d'une situation de pénurie de composants. Si les autres acteurs de l'industrie ne sont pas aussi alarmistes, ils s'inquiètent tout de même aussi d'une situation logistique tendue.

Les composants pour l'automobile vont-ils devenir la denrée la plus rare du moment ? En tout cas, c'est un véritable enjeu pour l'ensemble de industrie, et Carlos Ghosn, patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est plutôt clair là-dessus.

«La hausse des prix du pétrole est toujours favorable à la croissance du marché des véhicules électriques. Mais nous sommes confrontés à une pénurie de composants qui limite actuellement l'essor des ventes», a-t-il déclaré hier, à l'occasion du Mondial de l'Automobile de Paris.

Fortes tensions industrielles

Ce terme de pénurie est utilisé depuis le début de l'année dernière dans l'industrie automobile, par un certain nombre d'observateurs. De là à penser qu'il devient absolument impossible pour les industriels de trouver les composants dont ils ont besoin pour construire des voitures électriques, il y a un pas qu'une majorité d'acteurs de l'industrie ne franchissent pas.

La demande est telle au niveau mondial, que l'appareil de production des puces, des transmissions, des composants de batteries (principalement à base de lithium et de cobalt) ainsi que du câblage, est effectivement soumis à de fortes tensions depuis plus d'un an.

Développement foudroyant

«On est en situation de tension importante sur la chaîne logistique», reconnaît un responsable d'un grand équipementier automobile, spécialiste de l'électrification. «Nous avons créé récemment une nouvelle filiale commune avec un très grand industriel pour développer la chaîne de traction électrique. En quelques mois seulement, le chiffre d'affaires est passé de zéro à... 11 milliards d'euros ! C'est dire si le développement est foudroyant» reconnaît-il.

«La voiture électrique est un petit marché qui croît très rapidement. Il est normal qu'il y ait des tensions, mais pour l'instant, rien de nature à nous empêcher de nous développer ou de développer de nouvelles technologies» conclut-il.

Nécessaire croissance des investissements

Un haut responsable de l'innovation chez Peugeot fait le même constat. «Des composants, on en trouve. Mais il est évident que si on reste sur ces niveaux de tension, on pourrait assister à des ruptures d'approvisionnement dans les années à venir. Il faut être très vigilant vu le niveau de croissance du marché et de la demande, qui est réellement en forte hausse du coté des clients.»

«Il faut rapidement se mettre d'accord entre industriels», dit le patron d'un grand équipementier. «Tous les acteurs du secteur, constructeurs, équipementiers et même miniers, doivent soutenir la croissance et continuer à faire croître leurs investissements. Nous le faisons, et ça nous coûte fort cher ! Mais que chacun fasse sa part ! Sans cela, effectivement on peut craindre pour l'avenir», dit-il. 

Carlos Ghosn a donc sans doute employé des mots volontairement forts, pour attirer l'attention sur une situation qui, même si elle reste gérable pour le moment, pourrait devenir bien plus compliquée à moyen terme.