Iran/Etats-Unis: vraiment proches d'un accord sur le nucléaire?

Si les Américains n’attendent que peu de choses des discussions sur l’Ukraine à Istanbul, ils espèrent bien conclure rapidement les négociations avec l’Iran.
Téhéran serait sur le point de s’engager à ne jamais fabriquer d’armes nucléaires. C’est en tous cas ce qu'affirme Ali Shamkhani, un proche conseiller de l'ayatollah Khamenei, dans un entretien accordé à NBC News. Le guide suprême a le dernier mot sur toutes les questions de sécurité nationale.
Selon Shamkhani, en l'échange de la levée immédiate de toutes les sanctions économiques qui étouffent le pays, les autorités iraniennes promettraient également de se débarrasser de stocks d’uranium hautement enrichi pouvant être utilisé à des fins militaires, de se limiter à usage civil et d’autoriser des inspecteurs internationaux à superviser le processus.
"Si les Américains agissent comme ils le disent, il est certain que nous pourrons avoir de meilleures relations", ajoute le haut responsable de la république islamique.
Discussions "difficiles"
Un espoir mais la tension est toujours grande entre Washington et Téhéran. La confiance entre les deux nations est nulle. Si Donald Trump se dit aussi "très proche" d’un accord, il n’en relâche pas moins la pression. En cas d’échec des négociations, l’Iran subira les foudres de son administration, met-il en garde. Tout en disant qu’il ne veut pas que cela prenne une "tournure violente".
Cette attitude, le président iranien la déplore autant qu’il la fustige. Donald Trump "est naïf de croire qu'il peut venir dans notre région, nous menacer et espérer que nous cédions à ses exigences", répond le président iranien Massoud Pezeshkian qui ajoute:
"Nous ne négocierons jamais notre dignité. Vous avez tenté de mettre l'Iran à genoux pendant 47 ans. Nous existons depuis des milliers d'années et nous resterons unis pour les années à venir."
Les discussions sont "difficiles mais utiles", tempère le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, l’interlocuteur privilégié de Steve Witkoff à Oman.
Contradictions ou stratégie?
L'envoyé spécial de Trump a lui une autre vision du dossier. Il l’a répété juste avant le dernier cycle de négociations: l'Iran doit entièrement cesser toute activité d'enrichissement d'uranium pour parvenir à un accord. Pour lui c’est "la ligne rouge à ne pas franchir". Il veut même que Téhéran démantèle toutes ses installations. Hors de question pour les Iraniens qui veulent pouvoir conserver un nucléaire à usage civile.
Les dernières déclarations de Witkoff étaient-elle une manière de faire pression sur la partie adverse pour obtenir de plus grandes concessions? Stratégie ou véritable différence de point de vue au sein de l’administration américaine? Donald Trump ne commente pas.
Une question demeure. Si l’Iran fait les concessions énoncées, les Etats-Unis sont-ils prêts à lever l’ensemble des sanctions comme réclamé par Téhéran? Washington veut aller vite mais à quel prix?
Donald Trump aimerait pouvoir se targuer d’avoir réglé le dossier en quelques semaines quand il avait fallu plus de deux ans aux Américains sous Obama pour négocier le premier accord. Accord dont le Républicain s’était retiré lors de son premier mandat.