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Immobilier, media, banques: comment Silvio Berlusconi a bâti son empire financier

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De l'immobilier aux médias en passant par le football et les banques, Silvio Berlusconi, mort ce lundi à 86 ans, n'était pas seulement un homme politique majeur mais aussi un businessman habile. Au sommet de son succès entrepreneurial, sa fortune a atteint les 12 milliards de dollars.

A 86 ans, Berlusconi vient de mourir d’une leucémie. Premier ministre italien pendant 9 ans, il a profondément marqué le paysage politique de son pays mais pas seulement: businessman insatiable, il a aussi bâti un empire industriel et médiatique tout au long de sa vie. Média, immobilier, finance, sport... Ses multiples investissements lui ont permis de se forger une fortune qui s'élevait à 6,8 milliards de dollars en 2023 selon Forbes. Retour sur son ascension.

L'immobilier, la première pierre de son empire

C’est dans les années 1960 que Silvio Berlusconi pose les premières fondations de sa fortune. Il devient promoteur immobilier et crée deux sociétés, Edilnord et Edilnord 2. Si les détails de son introduction dans le monde des affaires restent assez mystérieux, il affiche une réussite certaine notamment avec la construction du quartier résidentiel Milano 2, près de Milan dans le nord de l’Italie.

Grands espaces verts, système de déplacement triple (piéton, vélo et véhicule), services essentiels (banques, commerces, écoles...) pensés de manière intégrée avec les logements: Milano 2 est extrêmement novateur pour l'époque.

"Il a eu une intuition géniale, il a fait une 'smartcity' 50 ans avant tout le monde", explique Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur de stratégie à l'Université Bocconi de Milan.

Comment ce fils d'un employé de banque et d'une femme de ménage qui a commencé par chanter à bord de paquebots et vendre des produits d’électroménager a-t-il réussi sa reconversion en entrepreneur à succès pour ensuite devenir l’un des hommes le plus riche de la péninsule? Une partie de la réponse se trouve dans ses soutiens: il trouve de sérieux appuis politiques dans le Parti socialiste italien et le gouvernement de Bettino Craxi mais aussi auprès des banques... Certains évoqueront également la mafia.

Dans tous les cas, l'immobilier n'est que la première pierre à l'édifice de son patrimoine. Au fur et à mesure des années et de ses entreprises, il va accumuler une fortune estimée à 12 milliards de dollars en 2004 selon Forbes. Il est alors l'homme le plus riche d'Italie. En 2023, son patrimoine et celui de sa famille, réduit, s'élève à 6,8 milliards de dollars.

Berlusconi, le magnat des médias

Après le bâtiment, l’homme d’affaires décide de se lancer dans les médias. Et de nouveau, c’est le succès.

L'entrepeneur astucieux va lancer la première chaîne de télévision privée nationale à une époque où de tels réseaux privés étaitent interdits sur la péninsule. Sa ruse: diffuser simultanément sur toutes les télés locales le même programme, comme s'il s'agissait d'un programme national.

Il rachète ensuite deux chaînes italiennes avant de s’internationaliser en France avec la Cinq -qui fermera en 1992-, mais aussi en Allemagne et en Espagne.

"Silvio Berlusconi a inventé la télévision commerciale en Europe, en même temps que les Britanniques, alors que le continent vivait encore sous un monopole des télévisions publiques nationales", explique à l'AFP Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur de stratégie à l'Université Bocconi de Milan.

Pour cet entrepreneur avide, la télévision ne suffit pas. Il va également racheter Mondadori, le plus gros éditeur italien, en 1990, et la société de production Medusa qui seront chapeautées par sa holding Fininvest, créée en 1980. Au fur et à mesure de ses achats, Fininvest va grossir pour accueillir des banques ainsi que deux clubs de football dont le mythique Milan AC.

En 1993, Fininvest, trop endettée, est au bord de la faillite mais il redressera la barre en créant une régie publicitaire Publitalia '80, avec un groupe télévisé lié, Mediaset, qui s'appelle désormais MediaForEurope.

Une success story donc jalonnée de nombreux procès et de quelques échecs, notamment celui de la révolution numérique, selon Carlo Alberto Carnevale Maffè.

"Son grand défaut, c'est qu'il n'a jamais compris ni le numérique, ni la télévision payante comme Sky et Netflix", manquant une révolution cruciale, juge-t-il.

Depuis son décès, les hommages se multiplient. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a notamment salué sa mémoire en parlant d'un "des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie".

Olivia Bugault avec AFP