"Il faut être flexible": ces heures qui ont conduit Donald Trump à reculer sur les droits de douane

Volte-face prévisible ou inattendue: le président américain Donald Trump a finalement opté pour une supension temporaire de 90 jours des droits de douane "réciproques" mercredi 10 avril.
Il maintient toutefois des taux faramineux pour la Chine et un taux plancher de 10% pour tous les autres pays du globe. Certains produits, comme l'acier et l'aluminium, se voient aussi appliquer des taux spécifiques. Une nouvelle saluée sur les marchés, Wall Street enregistre immédiatement une remontée de ses cours, un passage dans le vert suivi ce jeudi matin par les bourses asiatiques et européennes.
La fébrilité sur les bons du Trésor américains a inquiété le président
"Les gens devenaient un peu trop bruyants, ils avaient un peu peur", a commenté le président aux journalistes à la Maison Blanche.
"Il faut être flexible", a-t-il également ajouté, reconnaissant que sa retentissante annonce d'un matraquage douanier généralisé la semaine dernière "effrayait un peu" les investisseurs, et les avait rendus "fébriles."
Selon les analystes, ce seraient les soubresauts de la dette obligataire américaine qui auraient fait changer d'avis le président. Après s'être replié sur cette valeur, les investisseurs ont finalement choisi de se débarrasser des bons du Trésor américains.
Sonnette d'alarme des investisseurs
Le président a aussi peut-être cédé aux cris d'alarme des investisseurs et milieux d'affaires américains. Selon les informations de CNBC, il aurait notamment pris bonne note de l'interview de Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan. Ce dernier avait indiqué qu'une "récession" était le résultat probable de la hausse des droits douaniers.
"Il est très intelligent, c'est un génie financièrement parlant, il a mené un travail fantastique à la banque", a commenté Donald Trump, qui s'est donc finalement rallié à son panache blanc.
Un retournement "stratégique"
Après avoir montré les muscles pendant une dizaine de jours, Donald Trump a donc fait volte-face en quelques heures. Pour couper court aux rumeurs d'impréparation, le président et ses partisans ont tenté d'expliquer qu'il s'agissait d'une "stratégie".
"C'était sa stratégie depuis le début", a assuré le ministre des Finances Scott Bessent.
Même son de cloche laudateur du côté de la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, qui a "grondé" les médias indiquant qu'ils étaient manifestement passés à côté de "l'art du deal", façon Trump.
Dans la logique d'un Donald Trump expert ès négociations, il faut en effet lire comme une victoire à mettre à son crédit la volonté de se mettre autour de la table des différents pays acculés par des droits de douane coercitifs.
"Compte tenu du fait que plus de 75 pays ont convoqué des représentants des États-Unis [...] pour négocier une solution [...] et que ces pays n'ont pas, sur ma forte suggestion, pris de mesures de rétorsion de quelque manière que ce soit contre les États-Unis, j'ai autorisé une pause de 90 jours", se félicite Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Des mots à l'exact inverse de ceux affirmés sur son réseau quelques heures auparavant. "Restons cool, tout va bien se passer. Les Etats-Unis vont être plus grands et plus forts qu'ils ne l'ont jamais été!", indiquait en effet le président américain, toujours sur son compte Truth Social.
Cette volte-face n'est pas sans rappeler le rétro-pédalage sur les taxes sur les importations mexicaines et canadiennes deux mois auparavant. Si ce stop and go est bien sa stratégie de négociation, Donald Trump risque bien de l'user jusqu'à la corde.