Hausse massive d'impôt et baisse des dépenses: comme la France, le Royaume-Uni s'apprête à faire des annonces choc pour restaurer ses finances publiques

Rachel Reeves (à droite) et Keir Starmer (à gauche) lors de la conférence annuelle du parti travailliste à Liverpool (Royaume-Uni), le 9 octobre 2023 (photo d'illustration). - PAUL ELLIS / AFP
Le Royaume-Uni sur le fil budgétaire. La chancelière de l'Échiquier britannique (l'équivalent de la ministre des Finances outre-Manche), Rachel Reeves, a déclaré qu'elle envisageait à la fois des augmentations d'impôts et des réductions de dépenses pour son budget du 26 novembre, confirmant ainsi les attentes largement répandues compte tenu de ses promesses d'équilibrer les finances du pays.
Les prévisionnistes économiques s'attendent à ce Rachel Reeves doive lever environ 30 milliards de livres (34,43 milliards d'euros) par le biais de hausses d'impôts dans le
cadre du budget, après que les coûts d'emprunt du gouvernement ont augmenté plus que prévu, qu'un plan de réduction des coûts de la protection sociale a été abandonné et que des signaux indiquent que les prévisions de croissance devront être revues à
la baisse.
"Des défis nous sont lancés... Je ne les esquiverai pas", a déclaré Rachel Reeves à Sky News mercredi.
"Bien sûr, nous examinons également les impôts et les dépenses, mais les chiffres seront toujours cohérents avec ma fonction de chancelière", a-t-elle affirmé.
"Responsabilité économique"
Rachel Reeves a déclaré à plusieurs occasions qu'elle s'engageait à faire preuve de "responsabilité économique" et qu'elle s'en tiendrait à ses règles budgétaires, dont la
principale est son objectif d'équilibrer les dépenses publiques quotidiennes avec les recettes fiscales d'ici à 2030.
Avant les élections de juillet 2024, le parti travailliste de Rachel Reeve a promis de ne pas augmenter la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les cotisations d'assurance nationale ou les taux de l'impôt sur le revenu, mais il est de plus en plus probable que ces promesses ne soient pas tenues.
Comparée à celle de la France, la situation des finances publiques outre-Manche semble pourtant moins préoccupante. En 2024, la dépense publique représentait 44,4% du PIB chez nos voisins et la dette un peu moins de 100% de la richesse nationale, contre respectivement 57,2% et 114% dans l'Hexagone. Par ailleurs, le déficit public britannique s’est établit à 4,5 % du PIB en 2023-24 (en France il était estimé à 5,5% en 2023).
Mais "il n'y a pas une banque centrale qui intervient massivement sur le marché obligataire" au Royaume-Uni, contrairement à la Banque centrale européenne (BCE), rapelle Christopher Dembik. Dit autrement, la France peut s'autoriser davantage de largesses budgétaires que le Royaume-Uni grâce à l'action de la BCE. Et les investisseurs en ont bien conscience.