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Flambée des prix, pénurie… Le hamburger est-il la prochaine victime de la politique de Donald Trump?

Un hamburger de la marque Au Cheval.

Un hamburger de la marque Au Cheval. - Au Cheval/Facebook

Alors que la production bovine est en chute libre aux États-Unis malgré les hausses de prix, la surenchère des droits de douane sur la viande que Donald Trump pourrait mettre en place dès le 2 avril devrait accentuer le problème.

Après les oeufs, la viande de boeuf? Après une année 2024 marquée par des pénuries inédites liées à la grippe aviaire dans la production d'oeufs, c'est dans le boeuf que les signaux sont dorénavant au rouge.

La viande bovine avait déjà vu son prix exploser ces dernières années. Depuis janvier 2020, le prix moyen d'une livre de bœuf haché est passé de 3,90 dollars à 5,63 dollars en février, selon le Bureau of Labor Statistics. Une hausse de 45% supérieure au taux d'inflation global sur la période.

Le prix du bœuf est actuellement très élevé en raison de la sécheresse, de la hausse des prix des céréales et de la hausse des taux d'intérêt qui ont rendu l'élevage bovin coûteux ces dernières années aux États-Unis. Pour faire face aux hausses des coûts d'exploitation, de nombreux éleveurs bovins américains ont réduit la taille de leurs troupeaux, certains ont même cessé toute activité. Le cheptel américain de bovins est, avec moins de 87 millions de tête actuellement, au plus bas depuis 1951, à une période où la population américaine était inférieure de 55%.

Les importations taxées le 2 avril

C'est dans ce contexte de forte tension que s'inscrit la politique actuelle de droits de douane du président Trump. Pour faire face à la demande américaine de viande de boeuf qui ne faiblit pas, le pays est devenu un importateur net de viande bovine. Les États-Unis qui étaient jusqu'en 2022 un gros exportateur doivent depuis deux ans acheter leur viande à l'étranger. Et pas qu'un peu. En 2024, les importations ont atteint un niveau record de deux millions de têtes de bétail soit 2,1 millions de tonnes, ce qui représente plus que la production totale de viande bovine d'un pays comme la France.

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Ce recours à l'importation a aussi permis de contenir la hausse des prix. Mais d'ici quelques jours, cette viande de boeuf qui entre dans le territoire pourrait être lourdement taxée. Comme l'a annoncé Donald Trump le 3 mars sur la plateforme Truth Social, "les grands agriculteurs des États-Unis" doivent se préparer à "produire beaucoup plus de produits agricoles pour les vendre à l'intérieur des États-Unis. Des produits importés seront taxés le 2 avril".

Le président américain n'a pas cité le boeuf expressément mais comme sa stratégie économique consiste à réduire sa dépendance aux importations, il serait étonnant que la viande rouge échappe aux taxes douanières.

Hausse des prix en vue?

À court terme, le scenario est donc celui d'une nouvelle très forte hausse des prix du steak et des hamburgers dans les restaurants américains. Voire de pénuries dans les magasins si les importations ne viennent plus pallier les manques de la production nationale.

"On pourrait penser que cela [la hausse des droits de douane] va réellement aider le marché intérieur, explique Steve Sonderman, un éleveur du nord-est du Nebraska, dans The Economist. Le problème est que l'élevage est plus complexe que cela. Nous essayons d'être dans une phase de reconstitution du cheptel."

La hausse des prix qui avait jusqu'à présent conduit les éleveurs à réduire leur cheptel en vendant leur stock va-t-elle cette fois les inciter à faire le chemin inverse?

D'autant que les taux d'intérêt restent élevés aux États-Unis et que la relance de la production de viande bovine ne se décrète pas à la Maison Blanche.

"Inverser la tendance ne se résume pas à appuyer sur un bouton, explique Bernt Nelson, économiste à l'American Farm Bureau Association au site Nerdwallet. Les éleveurs doivent d'abord décider d'agrandir leurs troupeaux. Et puis, il y a le facteur temps: une fois né, un veau ne sera pas assez grand pour être vendu comme viande avant l'âge de 18 mois à 2 ans environ."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco