En manque de bras, la Finlande autorise à passer le lycée en anglais pour attirer les travailleurs étrangers qualifiés

Un drapeau finlandais (photo d'illustration). - Roni Rekomaa
La Finlande mise sur l'anglais pour attirer les talents étrangers. Le pays nordique va introduire la possibilité de suivre un cursus en anglais dans les lycées dès 2026, selon une loi entrée en vigueur vendredi, afin d'attirer une main-d'œuvre étrangère qualifiée. En proposant ces programmes en anglais, les Finlandais espèrent attirer des travailleurs étrangers qualifiés accompagnés d'enfants en âge scolaire.
Cet enseignement sera disponible à partir d'août 2026, une fois que le ministère de l'Education aura approuvé les cursus soumis par les établissements. Il sera ensuite possible de passer les examens de fin d'études secondaires en anglais à partir de l'automne 2028. Actuellement, les élèves ne peuvent passer ces examens que dans les deux langues officielles du pays : le finnois et le suédois.
Infirmiers, soudeurs et enseignants
Les cursus en anglais s'adresseront principalement à ceux qui ne maîtrisent pas suffisamment les langues officielles. Si le gouvernement actuel de la Finlande durcit sa politique d'immigration, il cherche à remédier à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée sur le marché du travail en favorisant une immigration professionnelle, principalement en provenance de l'Union Européenne, mais aussi d'autres pays comme l'Inde, le Vietnam, les Philippines et le Brésil.
La Finlande recherche désespérément de la main-d'œuvre pour pallier sa crise démographique. En 2021, le pays estimait avoir besoin d'un solde migratoire positif de 20.000 à 30.000 personnes chaque année pour soutenir son économie – et notamment préserver ses précieux services publics. Selon un baromètre édité par le ministère local des Affaires économiques et de l'Emploi, la Finlande recherche aujourd'hui prioritairement des infirmiers, des médecins, des enseignants, des soudeurs ou encore des agents de sécurité.
Le pays nordique dispose pourtant de services publics performants, d'un système scolaire reconnu dans le monde entier et d'une qualité de vie certaine. Presque aussi grand que l'Allemagne mais peuplé de seulement 5,5 millions d'habitants, il a aussi un environnement exceptionnel à revendre, grâce à des forêts à perte de vue, plus de 1000 kilomètres de côtes et des centaines d'îles et de lacs. Mais la Finlande, ce sont aussi des hivers longs, et très froids, qui découragent certains étrangers frileux.
Réputée compliquée à apprendre
Mais le coût de la vie y est particulièrement élevé par rapport à la France – à noter que, contrairement à la Suède ou au Danemark, la Finlande a adopté l'euro. La nourriture coûte en moyenne 26% plus cher qu'ailleurs en Europe, indique le site InfoFinland.
Mais c'est souvent la maîtrise nécessaire du finnois qui freine les projets d'installation en Finlande. Bien que les Finlandais aient généralement un très bon niveau d'anglais, les entreprises travaillent en finnois et très peu d'offres sont accessibles à ceux qui ne connaissent pas du tout la langue locale, réputée compliquée à apprendre. Le finnois, de même que l'estonien et le hongrois, est une langue finno-ougrienne. Son orthographe et sa grammaire diffèrent radicalement du français.
Dans les faits, le finnois n'est pas plus compliqué à apprendre qu'une autre langue. Son apprentissage, souvent pris en charge par les employeurs ou proposé par des instances locales, requiert six mois d'efforts intensifs pour pouvoir effectuer un travail de niveau de qualification moyen, observe le site Voici la Finlande. Par ailleurs, le finnois s'appuie sur un système d'écriture phonétique simple et facile à prononcer.