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Elle va devenir la première femme à diriger le Japon: Sanae Takaichi prône l'interventionnisme économique dans le sillage des "Abenomics"

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Fidèle alliée de Shinzo Abe quand il était Premier ministre du Japon, Sanae Takaichi va assumer à son tour cette fonction. Pour relancer l'économie nippone, elle estime que le gouvernement doit tout contrôler.

Sanae Takaichi, figure majeure du Parti libéral-démocrate (PLD), a remporté les élections internes de la formation qui domine la vie politique japonaise depuis près de 70 ans. Elle s’apprête ainsi à devenir la première femme à diriger le pays. Conservatrice assumée sur le plan sociétal, elle se distingue pourtant par une approche plus interventionniste en matière économique.

Sanae Takaichi a une priorité: relancer la dynamique budgétaire du Japon, avec un virage budgétaire assumé. "La tendance mondiale s’éloigne d’une austérité budgétaire excessive pour adopter une politique responsable et proactive dans laquelle les secteurs public et privé collaborent pour accroître les investissements et résoudre les problèmes sociaux ", a rappelé la future cheffe du gouvernement.

Concrètement, son programme se traduit par une augmentation des dépenses publiques, des baisses d’impôts ciblées et un soutien sans faille à une politique monétaire très accommodante. Sanae Takaichi estime que la Banque du Japon doit suivre la ligne fixée par l’exécutif .

"Qu’il s’agisse de politique budgétaire ou monétaire, c’est le gouvernement qui doit en assumer la responsabilité", a expliqué la nouvelle cheffe du PLD.

Cette volonté de reprise en main pourrait retarder la hausse des taux d’intérêt anticipée ce mois-ci. L’objectif: stimuler la croissance, faire refluer une inflation jugée encore trop proche des 3 % et, surtout, transformer une inflation tirée par les coûts en une inflation portée par la demande.

Le retour des "Abenomics"?

Cette stratégie n’est pas sans rappeler les "Abenomics" de Shinzo Abe, dont Takaichi fut une proche alliée. Mais les effets pervers de cette politique –yen faible, hausse du coût de la vie– ont contribué à éroder la confiance du public envers le PLD et à nourrir une certaine instabilité politique. Pour l’heure, les marchés semblent saluer son arrivée : les actions japonaises ont atteint de nouveaux sommets à l’ouverture ce lundi matin.

Enfin, sur le plan diplomatique, Sanae Takaichi affiche un nationalisme marqué . Son mot d’ordre: "Le Japon est de retour !". En ligne de mire : la Chine. Les relations entre Tokyo et Pékin se sont déjà tendues ces derniers mois, et sa défense explicite de Taïwan ou son discours dur sur les questions historiques ne devraient pas les apaiser.

Pourtant, le pragmatisme pourrait l’emporter : les entreprises japonaises demeurent étroitement dépendantes du marché chinois. À l’instar de Shinzo Abe, Takaichi pourrait choisir de mettre en veille les divergences politiques pour préserver les synergies économiques et donner un nouveau souffle à l’économie nippone.

Annalisa Cappellini