"Continuer comme avant, c'est nous condamner à être relégués": un an après son rapport, Mario Draghi se désole de la "lenteur" de l'UE pour redresser sa compétitivité

L'ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a déploré, mardi 16 septembre, la "lenteur" de l'Europe à agir pour redresser sa compétitivité, un an après la remise d'un rapport prônant des "réformes radicales" pour échapper au décrochage économique. "Les entreprises et les citoyens (...) sont déçus par la lenteur de l'Europe, et son incapacité à aller aussi vite" que les Etats-Unis ou la Chine, a-t-il déclaré dans un discours à Bruxelles.
"Notre modèle de croissance s'érode, nos vulnérabilités s'accroissent, le financement des investissements requis n'est pas clairement tracé", a constaté l'économiste italien, invité par la Commission européenne à dresser un premier bilan, douze mois après la publication de ses préconisations.
"Changer de vitesse, d'échelle et d'intensité"
Le bras de fer commercial avec les Etats-Unis, ou l'endettement des pays européens, "nous ont rappelé cruellement que l'inaction menace non seulement notre compétitivité, mais également notre souveraineté", a-t-il encore estimé. Tout en saluant les actions déjà engagées et la détermination de la Commission à faire adopter de multiples mesures pour redresser la barre, il a regretté que "les gouvernements n'aient pas conscience de la gravité de la situation".
"Continuer comme avant, c'est nous condamner à être relégués. Pour nous en sortir, nous avons besoin de changer de vitesse, d'échelle et d'intensité", a-t-il encore plaidé.
De son côté, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a reconnu la nécessité d'accélérer les réformes, tout en dressant une liste de réalisations depuis un an notamment dans l'intelligence artificielle, la relance de l'industrie de défense ou l'allègement des fardeaux réglementaires.
Aboutir le projet de marché unique européen
Au passage, Ursula von der Leyen a distribué des piques aux autres institutions européennes, en particulier au Parlement, qui n'a toujours pas adopté une série de lois de simplification réglementaire dites "Omnibus".
"Nous avons besoin d'une action urgente pour faire face à des besoins urgents, car nos entreprises et nos travailleurs ne peuvent plus attendre", a-t-elle lancé.
Elle appelle aussi à mettre en oeuvre "avec un sentiment d'urgence" le parachèvement du marché unique, un vaste projet consistant à lever d'ici 2028 de multiples barrières internes qui continuent de freiner l'activité économique dans de nombreux domaines. Et de citer une estimation du Fonds monétaire international, selon laquelle ces barrières intra-européennes représentent l'équivalent de 45% de droits de douane sur les biens, et de 110% sur les services.