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Brexit: retour sur un marathon de négociations pour aboutir à un accord commercial

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Si les Britanniques ont voté le Brexit en juin 2016, la sortie de l'UE n'est effective que depuis le début de cette année 2020. Et c'est depuis mars que les deux parties négocient leur future relation commerciale avec l'objectif d'arriver à un accord de libre-échange sans quotas ni droits de douane.

L'accord de libre-échange trouvé ce jeudi 24 décembre entre l'Europe et le Royaume-Uni marque la fin d'un marathon de négociations qui a duré plusieurs années. Les Britanniques avaient en effet voté en faveur d'un Brexit le 23 juin 2016, il y a donc quatre ans et demi. Mais une fois la sortie de l'Union européenne actée, avec l'accord du 17 octobre 2019, il fallait encore négocier les contours du futur cadre réglementaire entourant les relations commerciales entre les 27 Etats membres et le Royaume-Uni.

La sortie de l'UE, votée par la Chambre des communes britannique le 9 janvier 2020, et par le Parlement européen le 29, est effective à partir du 31 janvier mais une période de transition est prévue jusqu'au 31 décembre 2020.

Elle permet de conserver l'ancien cadre réglementaire entourant les échanges commerciaux, en attendant de parvenir à un accord de libre-échange. Ce dernier doit permettre de maintenir les échanges de biens et des services sans quota ni frais de douanes entre le continent et le Royaume-Uni.

Des négociations qui s'éternisent

C'est donc en mars qu'ont débuté ces négociations cruciales, qui seront notamment perturbées par la pandémie de Covid-19. Très vite, d'importantes dissensions apparaissent, en particulier sur la pêche et les conditions d'une concurrence équitable.

En octobre, les négociations se tendent. Le Premier ministre britannique Boris Johnson semble se résoudre à un "no deal" avant d'accepter finalement de reprendre les négociations. Les discussions reprennent le 22 octobre dans l'espoir de parvenir à un accord rapidement, ce qui ne sera pas le cas.

Début décembre, la Commission européenne cherche à accélérer les négociations mais des Etats membres comme la France s'agacent de la situation. L'idée qu'un "no deal" serait préférable à un "mauvais deal" commence à circuler. C'est ce que dira d'ailleurs mot pour mot le directeur général du comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), Hubert Carré, le 21 décembre dernier, réagissant à ce sujet qui continuait de bloquer la possibilité d'un accord trois jours plus tard.

Une ouverture sous conditions

L'accord, finalement acté ce jeudi 24 décembre, marque donc la fin de dix mois de négociations menées par Michel Barnier côté européen et David Frost côté britannique.

Le chemin a été long et difficile. Mais nous avons un bon accord (...). C'est un accord juste, équilibré et c'est la chose juste et responsable à faire de la part des deux parties", a dit la présidente de la Commission Ursula von der Leyen dans une conférence de presse qui s'est tenue cet après-midi.

Outre-Manche, Boris Johnson s'est montré très content de la conclusion de cet accord. Alors que ce jeudi matin, l'accord semblait finalisé, Boris Johnson a dû annuler sa conférence de presse prévue à 9 heures. De longues heures ce sont écoulées, avec des négociations qui achoppaient encore et toujours sur la pêche. Mais peu avant 16 heures, la situation s'est débloquée.

Avec cet accord "bon", "équilibré" et "juste" selon les termes d'Ursula von der Leyen, l'Union européenne permet ainsi à son ancien Etat membre d'accéder à son immense marché de 450 millions de consommateurs sans droits de douane et sans quotas.

Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions: les entreprises d'outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d'environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties devront aussi exister en matière d'aides d'Etat.

Un mécanisme doit permettre aux deux parties d'activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet avec AFP Journaliste BFM Auto