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Bercy veut faire de l'Inde un partenaire incontournable

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Une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 doit se dérouler ce jeudi et vendredi en Inde. Bruno Le Maire compte en profiter pour approfondir la coopération économique entre les deux pays.

Le G20 Finances se retrouve en Inde cette semaine, un pays dont la France compte bien faire l'un de ses partenaires économiques privilégiés ces prochaines années. A son arrivée, Bruno Le Maire doit ainsi visiter l'aéroport de Delhi aux côtés d'Augustin de Romanet, le patron d'ADP. Aéroports de Paris a accès au marché indien depuis qu'il est entré au capital de GMR Airports à hauteur de 49%.

Parmi les récents succès français en Inde, la conclusion du contrat aéronautique du siècle la semaine dernière. Air India, propriété du groupe Tata, a acheté 470 avions, dont 250 Airbus pour près de 32 milliards d'euros.

Un marché important pour EDF

Mais malgré cela, Bruno Le Maire va devoir travailler encore s'il veut en faire une "relation d'avenir" selon son expression. Ces victoires en Inde restent encore rares et certains projets d'envergure patinent. Comme le projet nucléaire de Jaitapur en partenariat avec l'opérateur indien évoqué depuis 12 ans. Il permettrait la construction de 6 EPR, soit la plus importante infrastructure atomique civile au monde. Le PDG d'EDF Luc Rémont était en Inde la semaine dernière à ce sujet.

Ensuite, les investissements indiens en France restent limités. Ils tournent autour de 300 millions d'euros alors que le stock d'investissements indiens dans le monde s'élève à 180 milliards d'euros.

Enfin, Bercy regrette que l'Inde limite l'accès à son marché dans de nombreux domaines, comme l'agroalimentaire, l'automobile et la pharmacie. Le parti de droite nationaliste et le Premier ministre Narendra Modu mènent une politique protectionniste depuis 2014.

"La France devrait être le point d'entrée de l'Inde en Europe"

Cette relation doit être approfondie car la France mise sur l'Inde pour placer ses pions dans l'Indopacifique. Emmanuel Macron y travaille depuis son arrivée à la tête de l'Etat. En 2018, lors d'une visite à New Delhi, il fixait un objectif clair.

"La France devrait être le point d'entrée de l'Inde en Europe. Je rêve que plus de citoyens indiens viennent en France pour étudier, entreprendre, créer des start-up", résumait Emmanuel Macron.

Un objectif d'autant plus nécessaire depuis la crise des sous-marins il y a deux ans. La France a perdu son grand allié dans l'Indopacifique, l'Australie.

Cette année, l'Inde devient un acteur incontournable. Elle entame un mandat de deux ans de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Elle a pris en décembre la présidence tournante du G20. En novembre, Narendra Modi dévoilait le slogan de la présidence "Une terre, une famille, un avenir".

L'Inde, contrepoids aux grandes puissances

Derrière ce slogan, L'Inde montre qu'elle veut s'imposer comme contrepoids aux grandes puissances: les États-Unis, la Chine et la Russie. Elle ne s'est d'ailleurs pas prononcée sur la guerre en Ukraine. New Delhi se veut l’avocat, le chef de file des pays les moins développés, notamment sur les questions d'endettement.

Modi sait que son pays peut jouer un rôle pivot. D'ici quelques semaines, l'Inde deviendra devant la Chine le pays le plus peuplé. Ensuite car l'Inde est la 5e économie mondiale. Elle a dépassé d'abord la France, puis le Royaume-Uni. Selon le FMI, elle pourrait rattraper l'Allemagne en 2027 et le Japon en 2028. Enfin, l'an dernier, l'économie indienne affichait une croissance de près de 9%, soit deux fois plus que la croissance chinoise.

Laura Cambaud