BFM Business
International

Allemagne: le chancelier Olaf Scholz limoge son ministre des Finances, des élections en ligne de mire

Olaf Scholz et Christian Lindner au Bundestag à Berlin, le 10 septembre 2024. (Photo d'archive)

Olaf Scholz et Christian Lindner au Bundestag à Berlin, le 10 septembre 2024. (Photo d'archive) - Tobias SCHWARZ / AFP

Ce limogeage du ministre des Finances, par ailleurs chef de file du Parti libéral-démocrate (FDP), a entraîné le départ du gouvernement de tous les ministres appartenant au parti de Christian Lindner.

Après plusieurs semaines de divisions au sein de la coalition tripartite au pouvoir en Allemagne sur les orientations économiques du gouvernement, le chancelier allemand Olaf Scholz a limogé ce mercredi 6 novembre son ministre des Finances, Christian Lindner, a indiqué son porte-parole à l'AFP.

"Il n'y pas de confiance suffisante pour la poursuite d'une coopération", a déclaré Olaf Scholz dans la soirée lors d'une conférence de presse. "Trop souvent, il a trahi ma confiance."

"Quiconque participe à un gouvernement doit agir de manière responsable et fiable et ne pas se dérober quand les choses deviennent difficiles", a ajouté Olaf Scholz aux journalistes. "Ils doivent manifester la volonté de parvenir à des compromis dans l'intérêt de tous les citoyens."

Le chancelier a également annoncé qu'il solliciterait en janvier un vote de confiance auprès des députés, un vote susceptible d'entraîner des élections législatives anticipées d'ici la fin du mois de mars.

Lindner plaidait pour une politique plus libérale

Plusieurs médias dont Bild ont auparavant rapporté que Christian Lindner, chef de file du Parti libéral-démocrate (FDP), avait proposé la tenue d'élections législatives anticipées début 2025 pour sortir de l'impasse, une proposition rejetée par le chancelier social-démocrate.

En réponse au limogeage de son président, le FDP a annoncé que tous ses ministres allaient quitter le gouvernement de coalition d'Olaf Scholz, privant ainsi le chancelier de majorité à la chambre des députés. "Les autres ministres FDP (...) ont expliqué qu'ils allaient présenter leurs démission au chancelier et au chef de l'État", a déclaré à la presse le président du groupe parlementaire du mouvement, Christian Dürr.

Cette rupture, actée à l'issue une journée de pourparlers organisés à la chancellerie, met fin aux efforts d'Olaf Scholz ces derniers jours pour sauver la coalition gouvernementale tripartite composée de son parti social-démocrate, des écologistes et des libéraux, à couteaux tirés depuis des mois et tous très impopulaires dans l'opinion.

Alors qu'Olaf Scholz pensait que l'élection du républicain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, qui pourrait se traduire par des mesures protectionnistes néfastes à l'économie allemande très tournée vers les exportations, forcerait sa fragile coalition à serrer les rangs, c'est le contraire qui s'est produit.

Selon le quotidien Bild, le ministre des Finances a argumenté lors de la réunion de crise que cette élection et l'impact à en attendre rendaient encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne, vers plus de libéralisme. Ce que refusent tant sociaux-démocrates qu'écologistes.

Des sondages désastreux pour l'actuelle coalition

Sans les libéraux, Olaf Scholz pourrait tenter de survivre à la tête d'un gouvernement minoritaire, avec ou sans les Verts, en s'appuyant sur des majorités de circonstances au Parlement jusqu'à la date initialement prévue pour les prochaines législatives, le 28 septembre 2025.

Les sondages indiquent que des élections législatives anticipées seraient désastreuses pour les trois partis de l'actuelle coalition, au profit de l'opposition conservatrice CDU-CSU, alors que l'Allemagne se dirige vers une deuxième année consécutive de récession économique.

V.G. avec Reuters et AFP