Inflation alimentaire: "on a perdu six mois", selon Dominique Schelcher (Système U)

Le patron de l'enseigne de distribution dénonce l'attitude des industriels, qui n'auraient pas joué le jeu des baisses de marge pour pallier l'inflation alimentaire, qui a bondi de 21% en deux ans.

La tentative de dialogue et d'accompagnement des industriels par le gouvernement n'a pas porté ses fruits, selon la distribution. Invité de RMC et BFMTV ce vendredi matin, le président-directeur général de Système U, Dominique Schelcher, estime que l'on a "perdu six mois".

"Résistance des industriels"

"Il y a eu 21% d’inflation en deux ans, la prise en charge a été très déséquilibrée: elle est lourde pour les Français, nous on a fait des efforts, mais la prise en charge des industriels a été insuffisante par rapport aux résultats qu’ils font", résume le patron de Système U.

Il dénonce la lenteur de la réouverture des négociations annuelles, habituellement tenues entre novembre et mars et que le gouvernement a tenté de rouvrir plus vite.

"Les discussions qu'on a eu avec le gouvernement visaient à rouvrir les négociations annuelles dès le printemps. Cela ne s'est pas fait parce qu'il y eu résistance des industriels, ils n'ont pas voulu rentrer là-dedans", poursuit Dominique Schelcher.

"Un coup d'épée dans l'eau"

Dominique Schelcher pointe des attitudes opportunistes, liées aux variation du cours des matières premières, et donc des marges industrielles. "L'année dernière, les industriels avaient voulu rouvrir les discussions parce que le prix des matières premières augmentait pour eux. Maintenant qu'ils baissent, ils ne le souhaitent plus. Pourquoi ils le font seulement maintenant? C'est parce que la réouverture des négociations va être forcée par la loi. [...] Les industriels disent avoir fait des efforts de promotion", explique le distributeur.

"Mais ce n'est pas un coup de booster, c'est un coup d'épée dans l'eau", assène-t-il.

Le gouvernement annonçait hier que 5000 produits allaient voir leurs prix encadrés dans les semaines à venir.

Le dirigeant a fait le point, produit par produit, sur les évolutions à attendre dans les prochains mois: "Le prix du blé va baisser, en effet. Les boîtes de thon et de sardines ont baissé. Les cotons de démaquillage vont baisser aussi - et c'est un sujet important, beaucoup de gens font des sacrifices sur l'hygiène."
A l'inverse, dans l'alimentaire, certaines matières premières demeurent sous tension, avec des hausses encore attendues à la clé. "Le sucre connaît un problème d'offre, devenu moins importante; la production d'orange à jus est en difficulté, et un ouragan vient de frapper la Floride, qui est un grand producteur, cela ne devrait rien arranger. On reste aujourd'hui confrontés à des phénomènes de rareté."

VG