"Il y a urgence à agir": le gouvernement veut une filière française pour gérer les déchets de la fast fashion

Des sacs de déchets textiles déposés devant les grilles du Sénat, lors d'un rassemblement organisé par la coalition Stop Fast Fashion, le 14 mars 2025 à Paris - Kiran RIDLEY, Kiran RIDLEY © 2019 AFP
Il a augmenté de plus de 40% au niveau mondial depuis 15 ans: le volume des déchets textiles devient difficile à gérer pour les filières de recyclage. "Le modèle actuel (...) est à bout de souffle. Face au mur de déchets générés par l'ultra fast fashion et la fragilisation durable des débouchés à l'exportation, il y a urgence à agir", a déclaré la ministre Agnès Pannier-Runacher, citée dans un communiqué publié dimanche par le ministère de la Transition écologique.
Le cahier des charges de la filière REP (responsabilité élargie du producteur) textiles, linge de maison, chaussures (TLC) sera remis à plat, et les nouvelles règles devraient entrer en application début 2026, a indiqué dimanche le ministère.
En France, un tiers seulement des textiles sont collectés, "le reste terminant sa vie dans les poubelles", souligne le ministère, et "sur le tiers collecté, seuls 30% sont recyclés, majoritairement hors d'Europe".
Les filières REP sont la traduction du principe "pollueur payeur": celui qui fabrique ou distribue un produit est responsable de sa fin de vie. Une contribution est prélevée sur chaque article vendu pour soutenir le financement des moyens nécessaires à la collecte et à la valorisation.
La révision du cahier des charges doit permettre d'"investir massivement dans une filière française et européenne de la collecte, du tri, du réemploi et du recyclage", estime la ministre, et "permettra de créer des emplois sur notre territoire, en attirant les investissements dans une industrie verte par nature."
Avec notamment, a précisé son cabinet, "une mesure très importante" qui sera proposée: permettre à l'éco-organisme ReFashion - chargé par le gouvernement d'accompagner l'industrie de la mode vers une économie plus circulaire -, "d'investir dans des infrastructures industrielles de tri et de recyclage des déchets", et non plus seulement de les subventionner.
Une proposition de loi réglementant la "fast fashion" sera examinée au Sénat à partir du 2 juin.
Une usine de recyclage en Moselle
Un projet d'usine de recyclage textile doit être annoncé ce lundi lors du sommet Choose France, destiné à attirer en France des investissements étrangers, a indiqué le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher.
Il s'agit, selon Les Echos, de l'entreprise Circ, une jeune pousse américaine de Virginie, soutenue par Bill Gates et qui souhaite installer son usine à Saint-Avold (Moselle), avec "un investissement de 450 millions d'euros et la promesse de 200 emplois".
D'après le quotidien économique, "Circ a levé jusqu'ici plus d'une centaine de millions d'euros", et "le financement de l'usine reposera sur une autre levée de fonds et de l'endettement avec l'objectif de démarrer en 2028".
Toujours selon Les Echos, Circ "a déjà lancé le processus de l'enquête publique pour son usine et espère déposer ses dossiers d'autorisations industrielles en début d'année prochaine pour obtenir un feu vert fin 2026. L'État a promis de boucler la paperasse en 9 mois, contre une moyenne de 18 mois de délais administratifs qui sape la réputation du pays chez les industriels".