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Fermées au moins jusqu'au 20 janvier, les salles de sport au bord du gouffre

Les abonnements aux salles de sport représentent une dépense annuelle moyenne de 51,75 euros.

Les abonnements aux salles de sport représentent une dépense annuelle moyenne de 51,75 euros. - -

Selon le secteur, depuis mars, près de 500 salles ont déjà mis la clef sous la porte et la chiffre d’affaires est en chute de 47% entre mars et septembre sur un an.

Alors que les commerces dits "non-essentiels" pourront rouvrir dès le week-end prochain, les salles de sport devront attendre la troisième phase du déconfinement qui débutera au mieux le 20 janvier. A cette date seulement, ces activités pourront reprendre si les objectifs sanitaires sont atteints.

Pour les acteurs des salles de sport, c'est évidemment une nouvelle douche froide après les fermetures administratives imposées lors des deux confinements (certaines peuvent rester ouvertes pour acceuillir des sportifs de haut niveau, les groupes scolaires, les personnes en formation, celles en situations de handicap ou encore leurs clients munis de prescriptions médicales).

Le secteur est particulièrement en colère car il estime avoir mis en place un protocole sanitaire strict et efficace. Selon Philippe Herbette, PDG de Fitness Park, sur BFM Business, 63 cas ont été identifiés sur 7 millions de passages dans ses salles. Une colère partagée par le Medef: "La fermeture des salles de sport est par exemple une aberration", réagissait le président de l'organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux. Mais cela n'a pas suffi.

3 milliards d'euros par an de chiffre d'affaires

Ce secteur est loin d'être économiquement négligeable. Il représente presque 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an en France et pas moins de 35.000 emplois. 6 à 7 millions de Français fréquentent une salle de sport.

Les conséquences économiques risquent donc d'être désastreuses. Selon Pierre-Jacques Datcharry, porte-parole France Active, le syndicat représentant les salles de sport privées interrogé par L'Equipe, "à fin octobre, le secteur a perdu un milliard d'euros, sur les 3 milliards d'euros qu'il génère par an (chiffre de l'année 2019). Et ça, on ne le rattrapera jamais. Ce sont des milliers d'adhérents qui ont résilié leur abonnement. Nous avons estimé que 20 à 30% des clubs ne vont pas survivre à ce deuxième confinement. C'est dramatique pour notre secteur d'activité".

Selon ce syndicat, depuis mars, près de 500 salles ont déjà mis la clef sous la porte et la chiffre d’affaires du secteur est en chute de 47% entre mars et septembre sur un an.

Un gérant de salle à Toulouse interrogé par BFMTV évoque par exemple une baisse de 57% de sa clientèle depuis mars et 300.000 euros de pertes. "Si on continue à ne pas nous écouter, on va mourrir", se désole-t-il. Dans la ville rose, déjà six salles sur 130 ont mis la clé sous la porte et 40% pourraient fermer dans les prochains mois.

Car cette seconde fermeture imposée depuis le mois d'octobre tombe très mal pour la profession. "C'est le pire moment, on peut pas s'en remettre, a déploré Philippe Herbette. Entre mi-septembre et fin octobre, c'est la période où les clients s’abonnent le plus. Après un été fantastique, le temps était devenu un peu plus maussade. C'était la période idéale pour que les gens s'inscrivent à la salle de sport!"

La question des loyers

"Il nous faudra des mois, voire une année, pour retrouver nos clients d'avant. Et cette perte d'exploitation n'est pas du tout compensée. Au premier confinement, on a perdu 25% de notre clientèle. Mi-septembre, on était à peu près à 80% du nombre de clients que nous avions auparavant", poursuit-il.

Le renforcement des aides pour les entreprises fermées annoncées par Emmanuel Macron, risque de ne pas être suffisant. Si la perte d'activité sera mieux prise en charge (jusqu'à 20% du chiffre d'affaires), c'est bien le loyer, premier poste de dépenses représentant jusqu'à 30% des charges, qui risque d'étrangler les patrons de salles qui sont souvent de petites PME. Et sur ce point, les professionnels doivent souvent négocier avec les bailleurs au cas par cas.

"Aujourd'hui, demander aux propriétaires de repousser sans arrêt les loyers est juste impossible", s'inquiète Philippe Leroy, membre de France Active, dirigeant de The Loft, club de fitness à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

"Les investissements programmés pour les nouvelles ouvertures sont en danger. Les aides économiques ne vont pas suffire", ajoute Thierry Doll, président de France Active au micro de RFI.

L’Union sport & cycle, la première organisation professionnelle du secteur du sport et des loisirs demande que le fonds de solidarité soit calculé par établissement et non par entreprise, que la mesure pour compenser la perte d’exploitation doit pouvoir être cumulée avec le fonds de solidarité  et que cette aide puisse excéder les 20% de chiffre d’affaires "car, en raison de charges fixes très importantes, d’une durée de fermeture administrative au-delà de 6 mois et de la laborieuse reconstitution de la clientèle à venir, les salles de sport méritent une approche spécifique".

Enfin, le secteur s'inquiète de l'image dégradée des salles de sport dans l'esprit des Français, le gouvernement répétant que ces endroits sont des lieux de propagation du virus. France Active réclame ainsi une grande campagne de communication au moment de la réouverture pour rassurer les Français.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business