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Usine allemande, labo français : Intel confirme sa feuille de route européenne

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Le fabricant américain veut miser jusqu'à 80 milliards d'euros sur le continent, attiré par les aides publiques.

Des puces made in Germany. Le géant américain des semi-conducteurs Intel a décidé d'investir dans un important site de production en Allemagne, à Magdebourg. Capitale du Land de Saxe-Anhalt, la ville est située à 130 kilomètres à l'ouest de Berlin.

Cet investissement en dur vaut 17 milliards d'euros, et créera 3000 emplois directs, après une mobilisation pour la construction de 7000 ouvriers. Mais en dehors de ce seul site, choisi après des mois de tractations, d'autres pays vont récupérer des actifs : la France aura ainsi la responsabilité du hub de recherche & développement, basé sur le plateau de Saclay.

1000 emplois sont à la clé, dont 450 d'ici 2024. Saclay deviendra le centre des travaux d'Intel sur le calcul intensif (réalisé par des supercalculateurs) et l'intelligence artificielle.

L'Irlande voit elle Intel signer un chèque de 12 milliards pour étendre son site de Leixlip, qui va doubler sa capacité de production. L'Italie reçoit aussi un site de packaging des puces chiffré à 4,5 milliards d'euros.

Première retombée du Chip Act?

En tout, c'est 33 milliards d'euros qui sont mobilisés par le mastodonte des puces : il prévoit, pour sa stratégie européenne, de mobiliser jusqu'à 80 milliards en dix ans.

C'est le premier soutien de poids aux plans de la Commission Européenne pour réduire la dépendance du Vieux Continent à l'Asie, dans le domaine des semi-conducteurs : Bruxelles a décidé en février d'un "Chip Act" chiffré à 42 milliards d'euros, dont 30 milliards destinés aux firmes investissant massivement en Europe.

La future usine Intel allemande pourra ainsi être mise à disposition d'autres industriels en cas de tension sur les approvisionnements : ils pourront produire leurs puces dans les locaux de la firme américaine, avait confirmé sur BFM Business Stéphane Nègre, président d'Intel France, le mois dernier :

La prochaine usine européenne sera ouverte à des partenariats, c'est-à-dire qu'elle fabriquera des composants pour des constructeurs automobiles ou d'autres industriels. Mais ce seront aussi des partenariats au niveau de l'architecture, comme Arm ou RISC-V, concurrentes à celle d'Intel.

Les Européens ambitionnent de s'emparer de 20% du marché de ces composants électroniques, précieux dans l'industrie et pour la transition énergétique, d'ici à 2030.

Valentin Grille