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Un pisciculteur accuse l'État d'avoir autorisé des prélèvements d'eau "excessifs" à Volvic

Des bouteilles d'eau minérale Volvic, à l'usine de Volvic (Puy-de-Dôme) en mai 2021.

Des bouteilles d'eau minérale Volvic, à l'usine de Volvic (Puy-de-Dôme) en mai 2021. - THIERRY ZOCCOLAN / AFP

En Auvergne, le propriétaire d'une pisciculture estime que le tarissement de ses sources est lié aux prélèvements d'eau pour l'usine d'embouteillage d'eau minérale Volvic.

L'État a-t-il accordé des autorisations de prélèvements d'eau "excessifs" à Volvic? Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand examine vendredi le recours du propriétaire d'une pisciculture qui accuse les autorités d'être responsables de l'assèchement de ses sources. Édouard de Féligonde, propriétaire de cette pisciculture classée monument historique, réclame 32 millions d'euros à l'État, affirmant que ce tarissement est lié aux prélèvements de Danone pour son usine d'embouteillage d'eau minérale Volvic.

Depuis 2017, plusieurs mois par an, les sources situées en aval des forages de Danone sont à sec, les bassins privés d'eau s'effondrent et l'exploitation a dû cesser. Or c'est le préfet qui délivre les autorisations de prélèvements: celles-ci s'élèvent à 2,389 millions de m3 par an, Volvic prélevant juste en dessous de ce seuil. Après une première baisse de 10% en 2022, la préfecture du Puy-de-Dôme a procédé fin avril à une nouvelle réduction de 5% de l'autorisation annuelle. Mais pour Édouard de Féligonde, les autorisations "sont ajustées en fonction de ce que Danone pompe".

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"C'est une situation explosive à court terme, puisque l'eau ne coulera plus aux sources (...) d'ici 2036 et cela sera donc un assèchement de la pisciculture, mais aussi de 3.600 hectares de terres en aval de chez moi", écrit-il dans un courrier transmis à la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille. Trois associations environnementales (Preva, Frane et FNE63) ont par ailleurs déposé vendredi 27 juin un recours devant ce même tribunal pour dénoncer les autorisations de prélèvements d'eau "excessifs" et leurs conséquences sur l'environnement.

Des "carences" de l'État

Trois ans après avoir épinglé les "carences" de l'État, le rapporteur public devrait demander cette fois au tribunal de rejeter la requête d'Édouard de Féligonde, selon un document. Le rapporteur public est un magistrat qui conseille les juridictions administratives. Celles-ci suivent souvent, mais pas toujours, ses avis. Lors d'une première audience en 2022, l'État avait fait valoir que le préjudice résultait "d'un facteur climatique, en l'espèce un phénomène de sécheresse".

Le tribunal avait réclamé deux nouvelles expertises pour pouvoir se prononcer: l'une en hydrogéologie pour "évaluer le débit des sources et son évolution", l'autre financière pour chiffrer le préjudice lié à la perte d'exploitation et à la détérioration de la pisciculture. Interrogé, le groupe Danone a indiqué qu'il ne "commentait pas des éléments de dossiers en cours". Il rappelle toutefois avoir réduit à Volvic ses "prélèvements de -15% entre 2017 et 2024" et s'être engagé à le faire davantage en cas d'alerte sécheresse.

J. Br. avec AFP