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"Un abandon progressif de ses implantations départementales" : Sanofi va lâcher une nouvelle usine française

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Le site emploie 600 salariés. Sa cession confirme la stratégie vers les maladies rares menée par le laboratoire français.

Sanofi ne joue plus la carte du made in France. Après la cession houleuse de 50 % des parts d'Opella, maison-mère du Doliprane, le laboratoire pharmaceutique française va se délester d'un nouveau site à Maisons-Alfort. Selon le média spécialisé ActuLabo, il devrait échoir au façonnier allemand Adragos Pharma.

Selon les syndicats du géant pharmaceutique français, le sort de l'usine sera discuté mardi lors d'une réunion entre direction et représentants du personnel. L'annonce de ce projet de cession du site, qui fabrique un anticoagulant et emploie 600 personnes, a été faite aux syndicats en début de semaine.

Sanofi assure que "la fermeture du site de Maisons-Alfort est totalement exclue et que tout est mis en oeuvre pour construire un projet durable, qui assurera le maintien de l'activité et de l'emploi de cet établissement". "Dans cette perspective, nous avons convoqué une réunion extraordinaire des instances le 1er juillet", écrit le groupe.

Dans un communiqué publié vendredi, la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, et le président du conseil départemental, maire de Maisons-Alfort le député de la circonscription, Olivier Capitanio, évoquent une "annonce brutale", "s'inscrivant dans un abandon progressif par Sanofi de ses implantations départementales".

Ils réclament de rencontrer au plus vite le repreneur supposé, pour sécuriser l'avenir du site. Près de 600 salariés y travaillent. Sanofi explique que le médicament produit sur place, un anticoagulant baptisé Lovenox, est aujourd'hui concurrencé par des productions extra-européennes plus compétitives. Mais ajoute que le site "possède une valeur industrielle réelle". "La fermeture du site de Maisons-Alfort est totalement exclue", explique encore Sanofi.

Stratégie vers l'immunologie

Surtout, l'outil industriel sur place - déployé depuis 1948, ne s'inscrit pas dans le tournant stratégique pris par Sanofi.

"Ses technologies ne sont pas transposables aux futurs produits biologiques de Sanofi", indique ainsi le groupe tricolore dans son communiqué.

Le groupe conserve néanmoins une autre usine fabriquant ce produit, en Hongrie, avec des coûts de production moins élevés. En France, ils réorganise ses activités : il a récemment fermé une usine à Gentilly, mais renforcé son site de Vitry-sur-Seine. Sur ce dernier site, il va doubler la production d'anticorps monoclonaux, signe d'un virage stratégique amorcé vers l'immunologie.

Sanofi cherche à se délester des activités non rentables, dans des médicaments courants notamment, pour aller vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée - de l'oncologie à l'immunologie. Le groupe veut se distancer de son principal moteur de croissance pour le moment, le Dupixent, utilisé pour traiter la dermatite. Il a par exemple misé 9 milliards en juin sur la biotech BluePrint.

Auditionnée à l'Assemblée Nationale dans le cadre d'une enquête parlementaire sur la désindustrialisation en France, le 13 juin, la présidente de Sanofi, Audrey Duval, avait prévenu de possibles cessions.

"A la date d'aujourd'hui, nous n'avons pas de fermeture en vue. Nous n'en avons pas eu depuis dix ans. Mais il faut dissocier les fermetures des cessions - qui peuvent ramener des investissements et sauvegarder des emplois."

Sanofi souligne que les sites vendus depuis dix ans n'ont jamais été fermés après leur mise en vente.

VG avec AFP