Transports en commun: l’abonnement allemand à 49 euros par mois bientôt imité en France?

Pour inciter les Français à prendre davantage les transports en commun, et notamment le train, Emmanuel Macron souhaite que la France prenne modèle sur l’Allemagne. Le chef de l’Etat l’a dit dans l’interview accordée au youtubeur Hugo Travers.
Comment fonctionne le "pass" allemand ? Depuis le 1er mai, pour 49 €/mois, on peut utiliser tous les transports en commun (métro, tram, bus...) de toutes les villes ainsi que les trains régionaux. Les détenteurs de ce Deutschlandticket peuvent même traverser l’Allemagne, évidemment pas aussi vite qu’avec les trains grandes lignes mais à un prix imbattable.
En Allemagne, 1 habitant sur 7 a déjà souscrit à cet abonnement
Avec ce pass, ils peuvent donc à la fois se rendre sur leur lieu de travail, puis, en profiter le week end ou durant leurs vacances pour se rendre où bon leur semble dans le pays. Évidemment, à ce tarif, les gestionnaires des transports publics en sont pour leur poche. Le déficit prévu (3 milliards d’euros) est comblé à 50% par l’Etat et à 50% par les Länder (régions allemandes).
Trois mois après son lancement, ce pass a déjà séduit onze millions de voyageurs, soit un habitant sur sept. Autour de six millions d’entre eux avaient déjà un abonnement local, qu’une grande partie payait plus cher. Les cinq autres millions étaient des utilisateurs plus occasionnels. Revers de la médaille, durant les vacances ainsi que le week-end, les trains sont souvent bondés. Ce qui nuit au confort et à la ponctualité, qui n’était déjà pas fabuleuse sur le réseau ferroviaire allemand.
Par ailleurs selon certains experts, le Deutschlandticket n’a convaincu qu’un nombre limité d’automobilistes à réduire l’utilisation de leur voiture. Il est néanmoins encore un peu tôt pour dire si les émissions de CO2 vont baisser grâce à ce pass. Et par ailleurs, il s’agit d’une des rares mesures prises par leur gouvernement qu’une majorité d’Allemands approuve.
Pour faire le même pass en France, il faudrait convaincre plusieurs centaines de collectivités différentes
En France aussi, l’idée séduit l’opinion publique. Mais l’Etat n’a pas vraiment la main sur ce sujet. Dans les villes, les transports publics sont du ressort des municipalités qui, au sein de la plupart des agglomérations, mettent leurs moyens en commun. Cela signifie que pour instaurer un pass valable équivalent au modèle allemand dans toute la France, il faudrait convaincre 330 gestionnaires différents. Pas vraiment évident.
Mais même une version se limitant aux trains régionaux ne sera pas aisée puisque les treize Régions gèrent aujourd’hui leur propre réseau de TER avec des règles tarifaires qui leur sont propres. Les convaincre toutes de se mettre à l’unisson sera d’autant plus compliqué que les trains régionaux sont très déficitaires. Les chiffres varient selon la politique tarifaire mais on considère que les passagers d’un train régional paient seulement 20% du coût réel de leur trajet. De son côté l’Etat verse de l’argent aux régions pour les inciter à combler ce déficit.
Pour les cinq prochaines années, le ministre des Transports a annoncé voici quelques mois que sur les cinq prochaines années, une enveloppe de 8,6 milliards d’euros serait dédiée au financement des projets dédiés à la mobilité dans les régions. De quoi peser dans la négociation que Clément Beaune devra engager avec les régions pour faire aboutir le pass version française souhaité par Emmanuel Macron.
