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Trafic record pour Eurostar en 2024, en attendant la concurrence

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L'opérateur des TGV sous la Manche a transporté 19,5 millions de passagers en 2024 (+5%), un niveau jamais atteint.

"Eurostar bat ses records de passagers", s'enthousiasme Gwendoline Cazenave, PDG d'Eurostar, l'opérateur des TGV circulant dans le Tunnel sous la Manche, filiale de la SNCF.

L'opérateur a transporté 19,5 millions de passagers, soit une hausse de 5% ou 850.000 passagers supplémentaires sur un an. 2023 avait déjà été un très bon millésime avec 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Ce résultat, le plus élevé jamais atteint par Eurostar, a notamment été dopé par "la forte demande ainsi que par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris", peut-on lire dans un communiqué.

C'est la liaison Londres-Paris qui a connu la plus forte croissance (+280.000 passagers) suivie par Londres-Bruxelles (+250.000), Paris-Bruxelles (+160.000) et Paris-Pays-Bas (+140.000).

"Eurostar a poursuivi en 2024 sa croissance soutenue et a battu ses propres records. Je tiens à remercier nos clients et saluer les efforts de nos équipes pour cet excellent résultat alors que nous fêtions nos trente ans. Ceci témoigne de la forte demande de voyage en train à l’international ainsi que de l’immense potentiel d’une offre durable. Eurostar poursuit l’objectif de 30 millions de passagers et, en conséquence, a l’intention d’acquérir jusqu’à 50 nouveaux trains", poursuit la dirigeante.

50 nouveaux trains d'ici 2030

L'objectif est de mettre en service les premiers nouveaux trains dès 2030, ce qui augmentera la flotte de 30%.

De quoi anticiper l'arrivée des premiers concurrents d'Eurostar dans les liaisons sous la Manche. Il faut dire que Getlink, le gestionnaire du tunnel, fait tout pour attirer de nouveaux acteurs notamment en modernisant certains éléments techniques du tunnel pour y faire passer plus de trains.

L'un d'entre eux pourrait être lancé par Richard Branson, le créateur de la marque Virgin. Après des premières rumeurs fin 2023, l'entreprise a confirmé ses ambitions dans un article du Daily Telegraph.

"L’établissement d’un nouvel opérateur transmanche est une entreprise gigantesque, mais la route est mûre pour le changement", indique un porte-parole au quotidien.

L'article du Telegraph évoque une perspective d'achat de 12 rames neuves pour 600 millions d'euros. Virgin évaluerait actuellement les propositions d'Alstom, Hitachi, Talgo et de Siemens. L'objectif serait de passer commande cette année. Le montant total de l'investissement pour Virgin dépasserait le milliard d'euros.

Virgin en embuscade

Ces informations n'ont pas été confirmées par la firme qui préfère temporiser. Elle indique au site spécialisé Railtech qu'elle ne s'engage pas à lancer un service "tout de suite". "Bien que Virgin ne s’engage pas encore à lancer un service, nous sommes ravis des progrès réalisés jusqu’à présent. Il est trop tôt pour confirmer d’autres détails sur le service à ce stade", explique-t-on.

"Pour l’instant, notre objectif est d’introduire de la concurrence sur cette ligne, ce qui profitera à tous les passagers à long terme."

Il faut dire que les contraintes sont très nombreuses. Les délais de livraison pour obtenir des trains à grande vitesse neufs sont déjà très longs, les carnets de commandes des industriels étant remplis comme jamais. L'article du Daily Telegraph évoque un lancement d'ici à 2029, ce qui paraît assez irréaliste.

Un troisième acteur sur les rangs

Un autre acteur s'est également positionné. Evolyn, ce consortium piloté par Mobico (ex-British National Express), un transporteur britannique dont la famille espagnole Cosmen est le principal actionnaire, a annoncé en 2023 avoir commandé à Alstom 12 trains à grande vitesse afin de lancer d'ici à 2026 un service commercial.

Alstom démentait néanmoins toute commande et même tout contrat mais 'un accord de courte durée pour démarrer un travail préparatoire d’ingénierie du système de train, avec l’objectif de poursuivre ce travail dans l’hypothèse où les deux entreprises signeraient un contrat pour l’achat et la livraison d'un certain nombre de trains, à condition qu'Evolyn soit en mesure d'assurer le financement du projet" pouvait-on lire. Contacté, Alstom indique que le dossier n'a pas évolué depuis.

Depuis le lancement de la ligne en 1994, plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de concurrencer Eurostar, dont la compagnie allemande Deutsche Bahn il y a dix ans, mais aucun de ces projets ne s'est concrétisé à ce jour. L'espagnol Renfe a également affiché des ambitions.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business