Sièges, voiture Bistro, bagages, PMR: découvrez l'intérieur du nouveau TGV M

Le quai numéro 5 de la gare de Lyon à Paris était noir de monde ce mardi matin pour la présentation attendue de l'intérieur et des aménagements du nouveau TGV M. Le train à grande vitesse fabriqué par Alstom doit entrer en circulation début 2026, avec au moins deux ans de retard, mais pour SNCF Voyageurs, malgré l'impatience palpable de ses dirigeants, l'heure était à l'émotion et à la fierté.
Tout comme son extérieur, l'aménagement intérieur du nouveau train à grande vitesse de la SNCF se veut complètement novateur pour devenir "la référence mondiale de la grande vitesse", se félicite Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs qui évoque "400 innovations" apportées dans ce train.
"C'est un bijou technologique, le TGV le plus moderne du monde", renchérit Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom.
Pour la première fois, le design intérieur est le fruit d'un travail collaboratif entre Alstom, l'agence interne de conception Arep de la SNCF et le studio japonais Nendo. Commençons la visite…
Sièges plus confortables, plus d'espace pour les bagages
Le TGV étant fait pour de longs parcours, un soin attentif a été porté sur le confort, ligne directrice du design intérieur de ce train.
"C'est un thème central, on a voulu offrir une bulle de confort plus douce et plus personnelle", nous explique Céline David, directrice design chez Arep.
En Première classe, les sièges sont cinq centimètres plus larges que dans les générations précédentes de TGV avec des accoudoirs pleins et un appui-tête réglable.


En Seconde classe, la structure plus fine des sièges permet, selon la SNCF, de gagner cinq centimètres pour les jambes.



Dans tous les cas, le choix a été porté sur un tissu tricoté en trois dimensions et une mousse qui, selon Céline David, offrent "un effet hamac", et qui s'adaptent mieux aux différentes morphologies. Un argument qui se vérifiera sur pièce au bout de six heures de voyage...
On retrouve également la lampe orange iconique des TGV et un nouvel éclairage LED. La connectivité réseau (wi-fi) a également été améliorée, promet-on, mais là encore, elle dépend encore de nombreux éléments externes comme la couverture 4G/5G pendant le trajet.

Et évidemment des prises et des ports USB à chaque place de première classe même si c'est l'USB A qui a été choisi et pas le dernier USB C. Un choix contestable mais qui est le résultat de temps de développements longs.
La circulation entre les voitures a été amélioré avec un objectif de fluidité. Il n'y a ainsi plus de portes à l'entrée des sièges. Les voyageurs peuvent ainsi garder un oeil sur les racks à bagages, bien plus grands que dans les autres TGV, ce qui est une bonne nouvelle.
Mais cette absence de cloisonnement pourrait se révéler à double tranchant, étant notamment source de bruit.

"Tout est fait pour mieux circuler dans le train, nous avons pensé ce TGV comme une rivière", explique Céline David.
Autre nouveauté plutôt bien vue: une nouvelle numérotation des places. Ainsi, le premier chiffre correspondra toujours au numéro de la voiture. La place 245, sera ainsi toujours en voiture 2, ce qui évitera bien des irritants à l'embarquement.
Un vrai effort pour les PMR
Alstom et SNCF Voyageurs ont co-construit l'offre PMR avec des associations pour fournir "les meilleurs aménagements possibles".
Les partenaires promettent ainsi aux personnes en fauteuil roulant de pouvoir embarquer en toute autonomie grâce à un impressionnant système de plateforme élévatrice. Un système qui paraît néanmoins complexe et donc sujet à des pannes.



Les espaces pour voyager ont été élargis, tout comme les toilettes, dotés de très grandes ouvertures. De quoi calmer la colère des associations de personnes handicapées qui critiquement régulièrement les conditions de voyage des PMR?
Une voiture "bistro" cathédrale sur deux étages
Mais la vraie grande nouveauté est l'aménagement de la voiture bar qui a été rebaptisée Le Bistro.
L'offre a été revue, fini les plats de chefs qui ne trouvaient pas preneur, l'idée est de proposer des plats simples, issus de la cuisine traditionnelle, avec des produits français mais toujours aussi les encas qui sont très consommés, comme le fameux croque-monsieur (7,90 euros), le produit le plus vendu à bord des TGV.
"On vise la convivialité, les échanges, en faire un vrai endroit pour passer le temps", ajoute Alain Krakovitich.
Pour ce faire, la voiture bistro est sur deux étages (grâce à une mezzanine). Avec en bas un espace d'achats de produits en libre service avec paiement sur borne, et en haut un espace pour consommer ou réchauffer ses plats avec des 28 places assises, des banquettes…





Si un barista sera toujours présent, l'idée est de séparer les flux pour éviter les files d'attente interminables. Ceux qui veulent simplement acheter une salade pourront se servir dans les vitrines réfrigérées et payer en toute autonomie.
Reste que cette fluidité annoncée exige d'être démontrée: un escalier n'est jamais bien pratique pour gérer les flux.
Les premiers exemplaires du TGV M sont donc attendus début 2026 sur la ligne Paris-Lyon-Marseille, la plus rentable de la SNCF. Elle doit permettre à l'opérateur d'absorber une demande en hausse alors que son parc est aujourd'hui sous dimensionné, ce qui fait augmenter plus vite les prix.
SNCF Voyageurs ne cache pas son impatience puisque les premières rames devaient arriver en 2024. "Vous avez une responsabilité de tenir les délais", a ainsi lancé Philippe Tabarot, ministre des Transports à Alstom qui mène encore des tests grandeur nature. Avant de se lancer commercialement, le TGV M aura déjà parcouru un million de kilomètres.