Rachat de la compagnie italienne ITA: Air France jette l'éponge

Les observateurs le pressentaient depuis plusieurs semaines, c'est aujourd'hui officiel. Air France-KLM annonce ce mercredi qu'il ne déposera pas d'offre pour la compagnie aérienne ITA. De quoi ouvrir un boulevard à l'allemand Lufthansa, favori pour la reprise de la compagnie née sur les cendres d'Alitalia.
"Air France-KLM a informé le gouvernement italien que le groupe ne déposera pas d'offre pour l'acquisition d'une part du capital d'ITA" et "n'entendait participer au processus qu'en qualité de partenaire commercial potentiel" a indiqué le groupe à l'AFP.
Rappelons que l'ancien gouvernement de Mario Draghi avait pourtant sélectionné fin août l'offre concurrente du fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, en vue de l'ouverture de négociations exclusives.
Mais les élections législatives italiennes ont changé la donne avec la victoire du parti d'extrême-droite Fratelli Italia, qui avait sommé le Premier ministre sortant de ne pas hâter une décision.
Lufthansa seule en piste
Devant l'absence de progrès dans les discussions, le nouveau ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti avait annoncé en octobre sa décision de ne pas renouveler la période d'exclusivité. Il s'était alors montré sceptique vis-à-vis d'Air France-KLM, qui aurait été selon lui un simple partenaire commercial et non industriel.
Une entrée au capital par Air France-KLM ne pourrait en effet pas dépasser 10%, car la compagnie a les mains liées en raison des conditions imposées par la Commission européenne en contrepartie de l'aide publique reçue pour surmonter la crise du Covid-19.
Or, début janvier, le gouvernement italien avait publié un nouveau décret obligeant les compagnies intéressées par l'appel d'offres à "acquérir la majorité des actions ITA rendues disponibles à chaque étape de la privatisation et, à terme, de détenir la majorité du capital d'ITA à la date de la sortie totale du gouvernement italien de ce capital".
Un décret fait sur mesure pour Lufthansa qui avait emprunté la même voie pour sa montée au capital de Brussels Airlines, acquise en deux étapes, en 2009 et 2016.
Selon le quotidien Corriere della Sera, Lufthansa vise une part d'environ 40%, évaluée entre 180 et 200 millions d'euros, et pourrait monter jusqu'à 100% du capital à moyen terme.
Une telle opération "ouvrirait de nouvelles perspectives non seulement pour Lufthansa, mais aussi pour ITA", a déclaré Carsten Spohr, dans une interview au quotidien allemand Die Zeit.
"Nous voulons et nous devons être encore plus européens. Ce n'est pas un secret que l'Italie est pour nous l'un des marchés les plus importants", a-t-il détaillé.