BFM Business
Transports

Pourquoi l'A220 d'Airbus est stratégique pour Air France?

placeholder video
La compagnie nationale qui a commandé 60 de ces appareils a reçu le premier ce mardi. Plus écolo, plus facile à remplir donc à rentabiliser, plus confortable, l'A220 doit revigorer son activité moyen-courriers.

Pour Air France, l'événement est majeur. La compagnie française a en effet reçu le premier des soixante A220 qu'elle a commandé à Airbus et l'a présenté ce mercredi.

Cet appareil a vocation à remplacer les A318 et A319 sur les routes moyen-courriers, une activité où Air France est à la peine face à ses concurrents low-cost.

"Cet appareil va permettre de commencer le renouvellement et la rationalisation de notre flotte, qui est un des leviers les plus importants pour baisser nos coûts unitaires", a déclaré le directeur général d'Air France-KLM, Benjamin Smith.

Il sera mis en service le 31 octobre pour un trajet Paris-Berlin. Six exemplaires seront livrés d'ici à la fin de l'année 2021 et 15 en 2022.

Une consommation de kérosène 25% inférieure

Plus écolo, plus économique, plus facile à rentabiliser, plus confortable, l'A220 doit donc revigorer l'activité moyen-courriers de la compagnie nationale où les appareils en exploitation ont en moyenne 16 ans d'ancieneté contre 4 à 5 chez les low-cost comme Easy Jet et Ryanair.

Avec ses 148 sièges en monocouloir, l'A220 offre une consommation de 2,6 litres de kérosène par passager pour 100 km, soit un niveau de 20 à 25% inférieur qu'un appareil comparable de la précédente génération notamment grâce à un poids de 5500 kilos inférieur à celui d'un Airbus A319 Neo.

Selon Air France, il permettra de réduire les coûts d'exploitation de 10%. Autant d'améliorations qui doivent permettre de baisser le point d'équilibre financier des lignes du hub de Roissy-CDG chroniquement dans le rouge.

Modularité

Plus petit, plus facile à remplir, l'A220 est surtout utilisable à la fois pour des vols intérieurs et des vols moyen-courrier avec son rayon d’action de 6500 kilomètres selon Airbus. De quoi encore optimiser les coûts opérationnels de cet appareil. C'est cette modularité qui a séduit Air France mais également dix autres compagnies dans le monde.

Avec cet aéronef, Air France entend également respecter ses engagements de réduction des émissions de CO2 avec une baisse de 20% et une empreinte sonore réduite de 34% par rapport aux avions de sa catégorie grâce à une nouvelle génération de réacteurs conçue par Pratt & Whitney.

Niveau confort, il propose une cabine plus spacieuse, avec des sièges plus larges (5 centimètres plus larges que le Boeing 737) organisés par rangs de 2 et de 3, tous équipés de deux prises USB et d'un support de tablette sur le dossier. Les coffres à bagages sont 50% plus grands que les A318 et 319 et permettent d'en embarquer 100 contre 70 pour le Boeing 737/800. De quoi se sentir comme dans un long-courrier...

Les sièges de l'A220
Les sièges de l'A220 © Air France

Air France-KLM souhaite aussi renouveler ses moyen-courriers exploités par KLM et la "low cost" Transavia, jusqu'ici équipée de Boeing 737.

Boeing ou Airbus? Et quel motoriste? Une décision sera prise "en 2023" pour cette commande qui sera de 80 appareils ferme et jusqu'à 80 autres en option, a détaillé Ben Smith ce mercredi.

643 appareils commandés par 10 compagnies

L'A220 est un succès pour Airbus, 643 appareils ont été commandés par dix compagnies aériennes à travers le monde malgré un prix catalogue élevé: de 62 à 71 millions de dollars. Mais on sait que traditionnellement, et surtout en période de crise, les négociations permettent de faire fondre les tarifs officiels.

Ce succès est d'autant plus brillant que cet avion a failli ne pas exister. Au départ, l'A220 est un appareil conçu par le canadien Bombardier et baptisé C-Series. Il réalise son premier vol en 2013. Ses qualités sont déjà reconnues mais les compagnies inquiètes de l'état financier de Bombardier ne le commandent pas, craignant que le constructeur disparaisse ou ne puisse assurer la maintenance.

Quelques années plus tard, Bombardier est d'ailleurs forcé de se restructurer et le programme C-Series est cédé à Airbus pour 1 euro symbolique. L'avionneur européen hérite alors d'un avion quasiment prêt à être vendu aux compagnies. Qui cette fois répondent présents.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business