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Pourquoi Dassault joue gros avec son Falcon 6X

Le Falcon 6X de Dassault le 19 juin 2023 en démonstration au salon aéronautique du Bourget

Le Falcon 6X de Dassault le 19 juin 2023 en démonstration au salon aéronautique du Bourget - EMMANUEL DUNAND / AFP

Après deux ans d’essais en vol, le Falcon 6X a obtenu sa certification en Europe comme aux États-Unis. Un modèle important, les jets assurant entre 30 et 35% du chiffre d’affaires de Dassault.

Bon pour le service. Désormais doublement certifié par l’agence de sécurité aérienne et outre-Atlantique par la FAA, l’agence fédérale de l’aviation américaine -après 1500 heures de vols dans toutes les situations, tous types de temps, soit 2 ans de test, le Falcon 6X peut désormais entrer en service. Un enjeu de taille pour Dassault Aviation. Car à côté des Rafale, les jets représentent une source de revenus non négligeable pour l’avionneur.

Un relai de croissance

Les jets représentent entre 30 et 35% du chiffre d’affaires de Dassault ces dernières années, et l’arrivée du 6X tombe à point nommé. Les prises de commandes de jets de Dassault ont en effet reculé au 1er semestre, avec seulement 12 commandes Falcon contre près de 41 sur la même période de l’année précédente. Idem du côté des appareils livrés, avec 9 appareils livrés contre 14 au 1er semestre 2022. Grâce à la certification, Dassault va pouvoir débuter les livraisons du Falcon 6X dans les prochaines semaines.

Ce nouvel avion représente donc un véritable relai de croissance pour Dassault, même s’il ne sauvera pas pour l’instant l'année 2023. "Dans un contexte difficile avec la supply chain [chaînes d'approvisionnement, ndlr], nos objectifs 2023 demeurent inchangés: nous prévoyons la livraison de 15 Rafale et de 35 Falcon (incluant des Falcon 6X) et un chiffre d’affaires en baisse par rapport à l’an dernier", soulignait l’avionneur dans un communiqué le 20 juillet.

Un rayon de vol de plus de 10.000 kilomètres

Le Falcon 6X doit surtout, à terme, représenter un caillou dans les chaussures des autres géants du secteur, l’américain Gulf Stream et le canadien Bombardier. La caractéristique principale du Falcon 6X est son long rayon d'action pour un jet bimoteur. L’appareil est en effet capable de relier Sao Paulo à Londres ou Pékin à San Francisco d'une seule traite. Son autonomie affiche en effet 10.200 kilomètres avec 8 passagers et 3 membres d’équipage.

Et jet affaire oblige, un soin tout particulier a été apporté à la cabine. Cette dernière se veut "la plus spacieuse de sa catégorie", explique t-on chez Dassault, le tout grâce à une hauteur de 1,98 mètre.

Les commandes de vol sont entièrement numériques avec un cockpit tout écran. Dassault insiste également sur le fait que l’appareil est capable de voler avec 50% de carburant durable. Cette particularité se veut un argument commercial de poids, en ces temps où les avions d’affaires sont très critiqués pour leur empreinte carbone.

Enjeu commercial, le Falcon 6X représente aussi un enjeu industriel pour Dassault. Ce dernier n’a en effet pas mis de nouveau jet en service depuis 2016 et le lancement du Falcon 8X. Produit à Mérignac, il vient compléter la gamme Falcon en attendant le 10X, en cours de développement. Son prix catalogue: 47 millions de dollars pièce.

Jean-Baptiste Huet et Pauline Ducamp