Les prix des billets d'avion depuis la France ont encore augmenté de près de 9% en 2023

Prendre l'avion depuis la France l'an passé a encore coûté très cher. Selon les chiffres définitifs de l'aviation civile (DGAC), le tarif moyen toutes destinations confondues a augmenté de 8,6%, une variation largement supérieure à l'inflation moyenne française.
C'est certes moins important que la flambée de 2022 avec +21,7% mais la hausse reste très conséquente. En décembre dernier, l'indice des prix du transport aérien de passagers était ainsi 34,3% plus élevé que lors du même mois de 2017.
"L’année 2023 a été marquée par deux périodes distinctes d’évolution des prix: des évolutions mensuelles fortes lors du 1er semestre 2023 avec un pic mensuel atteint en février ; des évolutions mensuelles beaucoup plus mesurées lors du second semestre 2023 avec notamment trois mois affichant des variations négatives (juillet, novembre et décembre), analyse la DGAC.
+19% vers l'Outre-mer
Evidemment, on observe des disparités fortes selon les destinations. Les prix pour les liaisons intérieures prennent 13,6% tandis que ceux pour l'international n'augmentent que de 6,9%.
Comme tout au long de l'année, ce sont les tarifs vers l'Outre-mer qui accentuent la hausse des vols intérieurs avec une inflation de presque 19% sur un an. Même tendance pour les vols depuis ces régions toutes destinations confondues avec des prix en hausse de 15,2%.
"Cette évolution résulte essentiellement de la poursuite de la hausse des prix depuis les départements des Antilles (+22% au départ de la Guadeloupe et +20,9% au départ de la Martinique)", explique la DGAC.
Une situation sans précédent qui inquiète les professionnels du tourisme mais aussi les responsables politiques de ces collectivités au nom de la continuité territoriale. Au point qu'une commission d'enquête parlementaire a été lancée afin de comprendre pourquoi ces tarifs flambent autant.
"Les compagnies ont rappelé l’existence d’un décalage persistant des prix du kérosène dans les Départements français d’Amérique et à la Réunion avec ceux pratiqués en Métropole. Les comparatifs laissent en effet apparaître un prix supérieur de l’ordre de 25% dans les Départements français d’Amérique et de 10% à la Réunion. Pour mémoire, le seul prix du kérosène représente de l’ordre d’un tiers des coûts des compagnies aériennes", expliquait en mai dernier la filière.
Une inflation qui ne décourage pas les Français
Du côté de l'international, la progression est plus importante sur le réseau long-courrier par rapport au moyen-courrier (+8,6% contre +7,1%). Une seule destination sort du lot avec une moyenne en baisse: l'Afrique du nord (-5,6%).
Malgré ces niveaux de prix, les Français ont passivement pris l'avion en 2023 "avec un trafic français à près de 95% du niveau de 2019 et même à 100% au mois de décembre 2023", relève la Fnam, la Fédération nationale de l'aérien et de ses métiers.
"Le rebond de la demande a été plus fort et rapide que prévu", s'est félicité son président, Pascal de Izaguirre.
De quoi démontrer une certaine schizophrénie des Français puisque selon un récent baromètre de l'économie réalisé par Odoxa pour AGIPI, Challenges et BFM Business, "59% des Français se disent être prêts à moins prendre l’avion afin que la France fasse des économies d’énergie et 20% assurent qu’ils le font déjà", peut-on lire.
Pourtant, la demande devrait encore progresser cette année, surtout pour les vols internationaux: "Notre secteur devrait évoluer en 2024 dans un environnement porteur en termes de demande, mais également instable compte tenu de la situation géopolitique", estime-t-il.
Stabilisation des prix ou nouvelle flambée?
"Le trafic domestique de point à point va continuer à souffrir, c'est une tendance structurelle", a estimé Pascal de Izaguirre. L'année dernière, le volume de passagers aériens sur les lignes intérieures en France métropolitaine n'est revenu qu'à 79,4% de 2019.
Mais que faut-il attendre côté prix? La question divise. Le président de la Fnam estime que les tarifs étaient "plutôt entrés dans une phase de stabilisation".
Pour d'autres, notamment les grandes compagnies nationale comme Air France, différents facteurs vont peser, entraînant une poursuite de l'inflation.
Outre la question du prix du pétrole et donc du kérosène (très volatil), le secteur est face à nombreux défis très coûteux. La transition écologique du secteur aérien pour le pavillon français (hors investissement flotte) est ainsi estimée à 1 milliard d’euros en 2025 et près de 3 milliards d’euros à l’horizon 2030.
Les compagnies sont par ailleurs engagées dans de très importants programmes de renouvellement de flottes. Si les avions commandés sont plus sobres en carburant, le coût d'acquisition devra d'une manière ou d'une autre être répercuté sur le prix des billets, tout comme l'utilisation de plus en plus importante de carburants dits propres (les SAF) qui sont encore trois à quatre fois plus cher que le kérosène.
"1% de SAF, c'est 100 millions d'euros pour la compagnie, 10%, c'est 1 milliard d'euros. Sur un Paris-New York à 20% de SAF, le billet augmentera de 175 euros. Ça ne passera pas inaperçu", expliquait l'an passé Anne Rigail, directrice générale d'Air France.
Enfin, le pavillon français devra absorber de nouvelles taxes, notamment celle censée participer au financement de la transition écologique et du rail appliquée sur les infrastructures de transport de longue distance. Outre un nouveau renchérissement du prix du billet, les compagnies françaises y voient une distorsion de la concurrence. Cette taxe devrait rapporter 600 millions d'euros par an dès 2024.