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"Le moteur droit était neuf, le gauche révisé en 2023": pour couper court aux spéculations sur le crash du Boeing 787, le président d'Air India a pris la parole à la télé indienne

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Natarajan Chandrasekaran a donné sur une chaîne de télévision indienne quelques éléments de contexte afin d'écarter certains scénarios et souligne que l'aéronef "a un historique impeccable".

Faire taire les spéculations et garder la tête froide. Tel est le message qu'a voulu faire faire passer Natarajan Chandrasekaran, président d'Air India et de Tata Sons, le conglomérat indien qui contrôle la compagnie aérienne.

Alors que les boîtes noires du Boeing 787-8 Dreamliner qui s'est écrasé jeudi dernier faisant au moins 270 morts, ont été retrouvées, le dirigeant a donné sur une chaîne de télévision indienne quelques éléments de contexte afin d'écarter certains scénarios.

Il indique que "les deux moteurs de l'avion avaient un historique de maintenance correct. Le moteur droit de l'avion était neuf et avait été installé en mars dernier, tandis que le gauche a été révisé en 2023, la prochaine révision étant programmée pour décembre prochain".

Les enquêteurs examinent actuellement les débris et décodent les données de vol enregistrées et les enregistrements audio du poste de pilotage provenant des boîtes noires de l'avion afin de reconstituer les derniers instants du vol et de déterminer la cause de l'incident.

"Attendre" le décryptage des boîtes noires

"Il y a beaucoup de spéculations et de théories. Mais ce que je sais pour l'instant, c'est que cet avion en particulier a un historique impeccable", poursuit Natarajan Chandrasekaran, mettant en garde contre toute conclusion hâtive.

"Tous les experts me disent que la boîte noire et les enregistreurs révéleront certainement l'histoire. Il ne nous reste donc plus qu'à attendre", a-t-il ajouté.

Kishore Chinta, ancien enquêteur du Bureau indien d'enquête sur les accidents d'aviation, a néanmoins déclaré à la BBC que l'état d'un moteur d'avion n'est pas nécessairement lié à son âge, notamment dans le cas des moteurs Genx-1B équipant le Boeing 787-8.

"L'âge du moteur n'a aucune incidence sur son état de santé, surtout pour les moteurs Genx-1B. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'un moteur est neuf qu'il est forcément en bon état, et inversement", souligne-t-il.

Contrairement aux modèles plus anciens, les moteurs Genx-1B, fabriqués par GE Aerospace, ne suivent pas de calendrier de révision ou de maintenance fixe. Ils sont équipés d'un système appelé Full Authority Digital Engine Control (FADEC) qui surveille en permanence l'état et les performances du moteur. La décision d'entretenir ou de remplacer le moteur repose sur ces données et des inspections physiques.

Inspections en cours

Alors que l'enquête se poursuit, Air India a également annoncé une réduction de 15% de ses opérations internationales sur ses gros-porteurs jusqu'à la mi-juillet, afin de faire face aux conséquences du crash.

Dans un communiqué publié mercredi, la compagnie aérienne a déclaré que cette décision était motivée par des "circonstances aggravantes", notamment des contrôles de sécurité renforcés, une prudence accrue de l'équipage et du personnel au sol, et les tensions au Moyen-Orient.

Par ailleurs, la compagnie aérienne a déclaré que les inspections avaient été effectuées sur 26 de ses 33 Boeing 787-8 et 787-9, tous étant "autorisés à reprendre du service".

Les appareils restants devraient être examinés dans les prochains jours, a déclaré Air India, ajoutant que la flotte de Boeing 777 de la compagnie ferait également l'objet de "contrôles de sécurité renforcés".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business